République centrafricaine | De l’espoir pour les populations vulnérables de la ville de Bangui
©©FAO
Soutenir la relance des activités agricoles afin d’améliorer les conditions de vie des familles.
La République centrafricaine continue d’être touchée par les effets de l’instabilité politique, les déplacements massifs de population, la recrudescence des conflits intercommunautaires et l’insécurité accrue en raison des violences perpétrées par les groupes armés. Les conflits ont notamment perturbé les activités agricoles et économiques et ont entraîné une dégradation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle déjà précaire dans le pays. La sous-préfecture de Bria et la ville de Bangui font parties des zones particulièrement touchées par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire. Certaines communautés ont notamment manqué la saison des récoltes de la campagne agricole passée en raison des impacts de la crise sécuritaire, qui les ont contraints à se déplacer, ou aux effets du changement climatique qui rendent difficile le contrôle du calendrier agricole.
Aux facteurs persistants d’insécurité et d’instabilité dans le pays, s’ajoutent les difficultés d’accès aux intrants agricoles de qualité, qui aggravent l’insécurité alimentaire des ménages. La pandémie de la maladie à coronavirus 2019 (covid-19) a aggravé cette situation, notamment pour les couches sociales ou communautés les plus vulnérables et touche tous les secteurs socio-économiques du pays, avec une tendance de l’inflation à la hausse, un accès réduit aux marchés et la baisse du pouvoir d’achat. Les restrictions liées ont notamment impacté les activités maraîchères et les personnes les plus vulnérables ont davantage de difficultés à accéder aux intrants et produire suffisamment pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles.
Merveil Nganadémon, un jeune homme d’une vingtaine d’années, est membre du groupement maraîcher «Combattants de l’oisiveté et de la faim» (COF), implanté à Soh dans la commune de Bégoua, périphérie nord de la ville de Bangui. Il est le délégué technique de ce groupement de 30 membres créé en 2018. Il a grandi dans le milieu agricole car ses parents étaient des maraîchers. Il nous explique: «J’ai commencé le maraîchage en classe de CM2 en 2008 quand mes parents étaient encore vivants. J’apprenais en les aidant dans leurs tâches quotidiennes». À la mort de ses parents, Merveil a été contraint d’arrêter ses études et s’est lancé dans le maraîchage pour survenir à ses besoins. Il travaillait seul, au même titre que la plupart des maraîchers de son entourage qui étaient également confrontés aux problèmes d’outillage et de semences de qualité: «Nous étions obligés de mettre nos efforts en commun pour faire face au problème d’outillage et de semences. Nous ne pouvions pas produire comme il se doit sur nos cinq planches et faire face aux besoins de notre famille. Nous avons été obligés de faire appel à des organisations non gouvernementales. La pandémie de covid-19 et les restrictions liées n’ont fait qu’aggraver notre situation», précise-t-il.
Merveil travaille sur l’une des planches bien fournies grâce au soutien du projet. ©FAO
Afin de répondre aux besoins de Merveil et de nombreux autres maraîchers, la FAO a lancé le projet OSRO/CAF/006/CHC, intitulé «Réponse d’urgence au renforcement des capacités de production alimentaire en faveur des ménages les plus vulnérables face à la covid-19 à Bangui et ses environs». L’objectif du projet était d’apporter une réponse d’urgence au renforcement des capacités de production alimentaire de 34 315 personnes, notamment les personnes déplacées internes, les retournés et les familles d’accueil les plus vulnérables face à la covid-19 dans la sous-préfecture de Bria et à Bangui et ses environs. Merveil est l’un des bénéficiaires du projet. En effet, la FAO, et son partenaire de mise en œuvre l’organisation non gouvernementale Agence humanitaire africaine, a assisté le groupement COF à travers des distributions de semences de concombre, de gombo, de tomate, ainsi que la fourniture d’outils, tels que des pelles, râteaux, houes Ceylan et pulvérisateurs.
Merveil nous explique les résultats tirés grâce à la mise en œuvre du projet et comment il a pu augmenter sa productivité et améliorer ses conditions de vie grâce aux distributions de la FAO: «Avec cet appui, il y a eu un changement dans notre condition de travail, car nous avons reçu de bonnes variétés de semences. Nous avons maintenant des solutions à nos problèmes car nos enfants peuvent avoir à manger et leur scolarité est payée. Le reste nous permet de payer du fumier et d’autres produits qui nous manquaient». Grâce à l’appui du projet, le groupement produit maintenant de la nourriture sur 28 planches de 336 m². Les membres du groupement produisent des légumes sains et nutritifs, tels que le concombre, le gombo, le poivron, le céleri, la tomate, la laitue et le chou. Certains de leurs produits sont déjà sur les marchés de la place, ce qui leur permet de tirer un revenu supplémentaire. «Je remercie la FAO et le partenaire de mise en œuvre. Je peux maintenant produire plus, subvenir aux besoins de mes enfants et de ma communauté et tirer un revenu de ma production. Merci la FAO !» nous confie Merveil.
Le groupement de maraîchers de Bégoua au sein des périmètres maraîchers de la commune. ©FAO