Préserver les agents antimicrobiens pour protéger le bien-être des personnes, des animaux, des végétaux et des écosystèmes

Première session de l’Assemblée plénière de la Plateforme de partenariat multipartite sur la résistance aux antimicrobiens mise en place par l’Alliance quadripartite

© FAO

La résistance aux antimicrobiens est une menace évidente, urgente et complexe qui pèse sur la santé humaine et le développement, la santé animale, la salubrité des aliments et la sécurité alimentaire ainsi que sur les écosystèmes du monde entier

©FAO

15/11/2023

Rome – La première session de l’Assemblée plénière de la Plateforme de partenariat multipartite sur la résistance aux antimicrobiens s’est ouverte aujourd’hui au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à Rome.

La rencontre de deux jours, organisée en amont de l’édition 2023 de la Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens, a réuni plus de 150 parties prenantes du monde entier qui représentent aussi bien des gouvernements, la société civile, le monde de la recherche et les milieux universitaires que le secteur privé, des institutions financières, des organisations intergouvernementales et des institutions spécialisées des Nations Unies. Elle a pour objectif global de mettre collectivement en place des moyens de préserver les agents antimicrobiens, qui revêtent une importance vitale pour les personnes, les animaux, les végétaux et les écosystèmes, en s’appuyant sur l’approche «Une seule santé»

C’est la première fois que l’Assemblée se réunit depuis l’inauguration, en 2022, de la Plateforme par l’Alliance quadripartite, constituée de la FAO, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE),.

La session a débuté par des observations liminaires prononcées par les dirigeants des quatre organisations, suivies d’une série de tables rondes axées sur la gouvernance collective de la Plateforme et sur des propositions à l’intention des groupes d’action. Au cours du deuxième et dernier jour, les participants réfléchiront aux préparatifs de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée à la résistance aux antimicrobiens, une rencontre cruciale qui devrait avoir lieu en 2024, et s’interrogeront sur la voie à suivre, collectivement, dans le cadre des travaux de la Plateforme.

En quête de solutions

Les agents antimicrobiens servent à combattre et à traiter les maladies infectieuses chez les personnes, les animaux et les végétaux. Il s’agit des antibiotiques, des fongicides, des agents antiviraux et des parasiticides. Les désinfectants, antiseptiques et autres produits pharmaceutiques, ainsi que d’autres produits naturels, peuvent également avoir des propriétés antimicrobiennes.

La résistance aux antimicrobiens apparaît lorsque ces derniers n’ont plus d’effet sur les bactéries, les virus, les champignons et les parasites. La résistance aux médicaments rend les antibiotiques et autres agents antimicrobiens inefficaces et les infections deviennent difficiles voire impossibles à traiter, ce qui augmente le risque de propagation des maladies, de maladie grave et de décès.

C’est une menace de plus en plus évidente, urgente et complexe qui pèse à l’échelle mondiale sur la santé humaine et le développement, la santé animale, la salubrité des aliments et la sécurité alimentaire ainsi que sur les écosystèmes.

En 2019, 5 millions de décès dans le monde ont été associés à la résistance aux antimicrobiens bactériens, dont 1,3 million dont elle est la responsable directe. Si rien n’est fait pour contrer la résistance aux antimicrobiens, jusqu’à 28 millions de personnes pourraient s’enfoncer dans la pauvreté extrême. En outre, environ les trois quarts des antibiotiques ne sont pas absorbés par les animaux et finissent dans les cours d’eau et dans les sols, ce qui peut contaminer et compromettre directement l’environnement immédiat. Chez les êtres humains, la résistance aux antimicrobiens est le résultat de l’utilisation inconsidérée d’antibiotiques.

Il n’y a pas de solution simple. La mise au point d’un nouvel antibiotique, par exemple, peut prendre 10 à 15 ans et coûter plus d’un milliard d’USD. 

C’est la raison pour laquelle toutes les parties prenantes de l’approche «Une seule santé», dont l’action porte sur les êtres humains, les animaux, les végétaux et l’environnement, doivent travailler ensemble pour veiller à l’utilisation responsable des antimicrobiens tout en prenant des mesures préventives afin de limiter l’incidence des infections.

Il a été établi que les mesures ci-après permettent de réduire le recours aux antimicrobiens et de freiner l’apparition de la résistance aux antimicrobiens:

  • renforcer la prévention et le contrôle des infections dans les établissements de santé, dans les exploitations agricoles et dans les installations de l’industrie alimentaire;
  • garantir l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène, ainsi qu’aux vaccins;
  • réduire la pollution et veiller à une bonne gestion des déchets et des installations sanitaires;
  • garantir à tous et à toutes l’accès à des soins de santé respectant les normes de qualité;
  • veiller à ce que les éleveurs, les producteurs alimentaires et les agriculteurs aient accès à des conseils d’experts.

Déclarations des dirigeants de l’Alliance quadripartite:

«La première session de l’Assemblée plénière qui se tient aujourd’hui réunit des précurseurs et des partisans de la résistance aux antimicrobiens, qui partagent les mêmes préoccupations et endossent des responsabilités communes. La réussite de la Plateforme reposera sur des objectifs clairs, une structure de gouvernance efficace, une direction en avance sur son temps, la confiance, la transparence, et la mobilisation sans faille des membres, moteurs du changement», a indiqué M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO.

«L’environnement joue un rôle déterminant dans le développement et dans la transmission et la généralisation de la résistance aux antimicrobiens, a expliqué Mme Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE. La lutte contre ce phénomène à l’échelle mondiale passera

nécessairement par une collaboration étroite entre les secteurs, pour que nous puissions agir sur tous les plans à la fois: secteur pharmaceutique, secteur agroalimentaire, aquaculture, secteur de la santé et de la gestion des déchets hospitaliers, eaux usées urbaines et bien sûr déchets agricoles.»

«La résistance aux antimicrobiens n’est pas une crise future. C’est une crise qui a lieu ici et maintenant. Il nous faut intervenir immédiatement, en nous fondant sur une vision et une philosophie communes et en nous fixant des cibles ambitieuses que nous nous engageons à atteindre. Nous pouvons y arriver, pour peu que nous agissions de façon concertée et coordonnée», a assuré M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.

«Nous sommes lancés dans une course contre le temps. L’urgence est notre mot d’ordre. Il est essentiel que nous mobilisions collectivement nos efforts dès maintenant pour combattre la résistance aux antimicrobiens au bénéfice de la santé des personnes, des animaux, des végétaux et de notre planète, sans laisser personne de côté», a dit Mme Monique Eloit, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale.

Contacts

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]

Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]