Le conflit en cours et la hausse des prix alimentaires plongent la République démocratique du Congo dans l’une des pires crises alimentaires au monde, d’après de nouvelles données de l’IPC

Par le Bureau de la FAO en République démocratique du Congo

© FAO /  Alessandra Benedetti

Avec l’augmentation d’environ 2,5 millions du nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire aiguë, les organismes des Nations Unies sont confrontés à des besoins toujours plus grands.

©FAO/Alessandra Benedetti

28/03/2025

Kinshasa (République démocratique du Congo) – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies ont annoncé aujourd’hui que le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë en République démocratique du Congo (RDC) n’a jamais été aussi élevé, d’après les données issues de la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). 

Ce sont désormais 28 millions d’habitants qui souffrent de faim aiguë (phase 3 ou plus de l’IPC) dans le pays, un chiffre inquiétant qui a augmenté de 2,5 millions depuis la dernière explosion de violence, en décembre. Parmi eux, 3,9 millions de personnes sont en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC).  

Ces six derniers mois ont vu l’aggravation de la crise alimentaire en RDC, où le conflit, l’instabilité économique et la flambée des prix alimentaires mettent des millions de vies en danger. 

Les personnes qui se sont déplacées à l’intérieur du pays pour échapper à la violence restent parmi les plus vulnérables, car elles sont les premières à subir les effets de cette détérioration. D’après la dernière analyse, plus de deux millions de déplacés internes sont touchés par la faim aiguë, dont 738 000 se trouvent en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC), un chiffre préoccupant.  

«La situation humanitaire en RDC se dégrade à une vitesse alarmante. Des familles qui déjà peinaient à se nourrir se retrouvent désormais confrontées à une réalité plus critique encore», a déclaré M. Eric Perdison, Directeur régional du PAM pour l’Afrique australe et Directeur par intérim du bureau de pays du PAM en RDC. «Nous avons repris nos activités dans certaines zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, et nous sommes déterminés à aller plus loin pour aider les personnes vulnérables, mais nous avons besoin de ressources supplémentaires de toute urgence.»  

Conflit, instabilité économique et flambée des prix: une combinaison létale  

La situation est particulièrement difficile dans les provinces de l’est du pays en proie aux conflits, où les familles n’ont plus d’animaux d’élevage et sont coupées de leurs moyens de subsistance. Dans ces provinces, plus de 10 millions de personnes font face à une situation d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 ou plus de l’IPC), dont 2,3 millions sont dans une situation d’urgence (phase 4).  

Au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri, la violence a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes, les privant d’approvisionnement alimentaire et d’aide humanitaire. Des affrontements armés continuent de perturber la production d’aliments et les routes commerciales tandis que l’accès à l’aide humanitaire reste restreint en raison des risques de sécurité qui limitent les possibilités d’apporter une assistance cruciale.  

Du fait de la forte dépréciation du franc congolais, de l’effondrement des banques et des pertes de revenus, les familles ont de plus en plus de mal à se procurer ne serait-ce que des aliments de base. Dans le même temps, l’inflation et la déstabilisation des chaînes d’approvisionnement concourent à faire grimper les prix alimentaires. Ainsi, les prix de certaines denrées de base comme la farine de maïs, l’huile de palme et la farine de manioc ont subi des augmentations pouvant aller jusqu’à 37 pour cent par rapport aux prix constatés avant la crise (décembre 2024).  

Le PAM et la FAO intensifient leur action pour répondre aux besoins des populations vulnérables  

Le PAM et la FAO travaillent ensemble pour apporter aux communautés vulnérables une assistance vitale en matière d’alimentation et de nutrition tout en renforçant leur résilience. 

À ce jour, le PAM a fourni à 464 000 personnes des aliments, des liquidités pour acheter de la nourriture et des traitements nutritionnels dans les zones accessibles de l’est de la RDC. Dans la seule ville de Bunia, 237 000 personnes ont ainsi reçu une assistance.  

Parallèlement à l’assistance alimentaire d’urgence apportée dans l’est du pays, la FAO et le PAM ont financé des activités de résilience dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu destinées à renforcer les compétences et les capacités de la population, ce qui améliorera la sécurité alimentaire sur le long terme.  

«La situation actuelle est catastrophique pour les Congolais: les récoltes sont perdues, les prix alimentaires flambent et des millions de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire aiguë, ce qui aggrave leur vulnérabilité», a expliqué M. Athman Mravili, Représentant de la FAO par intérim. «La FAO a besoin de ressources supplémentaires pour apporter une aide d’urgence qui assurera des moyens de subsistance durables aux populations déplacées. Nous comptons venir en aide à 1,6 million de personnes dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de l’Ituri et du Tanganyika en fournissant un appui à la production alimentaire d’urgence.»  

En 2025, la FAO a besoin de 200 millions d’USD pour apporter à 3,6 millions de personnes une aide vitale à la production alimentaire dans tout le pays. Cette intervention d’urgence mettra au premier plan l’agriculture, pilier de l’aide humanitaire, afin d’aider les ménages vulnérables à lutter contre l’insécurité alimentaire aiguë et la malnutrition. En rétablissant les moyens de subsistance agricoles, la FAO vise à donner à la population les moyens de répondre elle-même à ses besoins et à créer un socle de résilience.  

En 2025, le PAM compte fournir une assistance en matière d’alimentation et de nutrition à 6,4 millions de personnes tout en investissant dans des solutions à long terme. Pour maintenir ses activités et répondre aux besoins humanitaires croissants dans les six mois à venir, il lui faut réunir de toute urgence 399 millions d’USD.  

Le PAM et la FAO appellent la communauté internationale à accroître le financement et à élargir l’accès à l’aide humanitaire pour prévenir une catastrophe de grande ampleur. Sans un appui urgent, les niveaux de faim continueront de progresser, plongeant les plus vulnérables dans une situation de plus en plus catastrophique.  

Chiffres clés  

  • En RDC, 28 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 ou plus de l’IPC), dont 10,3 millions dans l’est du territoire (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika). 
  • 3,9 millions de personnes sont en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC), dont 2,3 millions dans l’est du pays. 
Contacts

Hyacine Kacou-Amondji FAO/DRC +243 82 41 58 253 [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]