La FAO, l’UNICEF, l’OMS et le PAM réitèrent leur appel en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et d’un accès humanitaire sans entrave en vue de réduire le nombre de décès dus à la faim et à la malnutrition
Serres endommagées près de Khan Younis à Gaza
©FAO/Yousef Alrozzi
Rome/Genève/New York – Selon une nouvelle analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publiée aujourd’hui, plus d’un demi-million de personnes à Gaza sont actuellement en proie à la famine, situation caractérisée par une forte prévalence de l’inanition, des conditions de dénuement et des décès évitables. La famine devrait s’étendre du gouvernorat de Gaza à ceux de Deir al-Balah et de Khan Younis dans les semaines à venir.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont collectivement et systématiquement souligné qu’il était extrêmement urgent de mener une intervention humanitaire immédiate et à grande échelle compte tenu de l’augmentation de nombre de décès liés à la faim, de l’aggravation rapide des niveaux de malnutrition aiguë et de la chute vertigineuse des niveaux de consommation alimentaire, alors que des centaines de milliers de personnes se voyaient contraintes de passer plusieurs jours sans rien manger.
Les organismes ont réaffirmé que la famine devait être stoppée à tout prix. Il est essentiel qu’un cessez-le-feu soit instauré et que le conflit prenne fin immédiatement pour permettre le déroulement sans entrave d’une intervention humanitaire à grande échelle propre à sauver des vies. Les organismes sont également très préoccupés par la menace d’une intensification de l’offensive militaire dans la ville de Gaza et d’une escalade du conflit, car cela aurait des conséquences encore plus dévastatrices pour les civils dans une région déjà touchée par la famine. De nombreuses personnes, en particulier les enfants malades et souffrant de malnutrition, les personnes âgées et les personnes handicapées, pourraient ne pas être en mesure de fuir.
D’ici la fin du mois de septembre, plus de 640 000 personnes seront confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire correspondant à une situation de catastrophe (phase 5 de l’IPC) dans toute la bande de Gaza. En outre, 1,14 million de personnes supplémentaires dans le territoire se trouveront en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC) et 396 000 autres seront en situation de crise (phase 3 de l’IPC). On estime que les conditions qui règnent à Gaza-Nord sont aussi graves, voire pires, que celles constatées dans la ville de Gaza. Cependant, en raison des données limitées dont on dispose, il n’a pas été possible de procéder à une classification de l’IPC, ce qui montre à quel point il est urgent de pouvoir accéder à la zone afin d’évaluer la situation et d’apporter une aide. Le gouvernorat de Rafah n’a pas été analysé, car les informations dont on dispose indiquent qu’il est en grande partie dépeuplé.
La classification en phase de famine signifie que la catégorie la plus extrême a été atteinte après que trois seuils critiques ont été franchis, à savoir: privation alimentaire extrême, malnutrition aiguë et décès liés à l’inanition. L’analyse la plus récente de l’IPC permet à présent de confirmer, sur la base de preuves raisonnables, que ces critères ont été remplis.
Près de deux années de conflit, des déplacements répétés et des restrictions sévères de l’accès humanitaire, aggravés par des obstacles et des interruptions récurrents entravant l’accès à la nourriture, à l’eau, à l’aide médicale et au soutien à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche, auxquels s’ajoute l’effondrement des systèmes de santé, d’assainissement et de marché, ont fait basculer les populations dans une situation de famine.
L’accès à la nourriture reste extrêmement limité à Gaza. En juillet, le nombre de ménages déclarant souffrir d’une faim très sévère a doublé sur l’ensemble du territoire par rapport au mois de mai, et a plus que triplé dans la ville de Gaza. Plus d’une personne sur trois (39 pour cent) a indiqué qu’elle passait plusieurs jours d’affilée sans manger, et les adultes sautent régulièrement des repas pour pouvoir nourrir leurs enfants.
La malnutrition infantile à Gaza s’aggrave à un rythme catastrophique. Pour le seul mois de juillet, l’on a recensé plus de 12 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë, ce qui constitue le chiffre mensuel le plus élevé jamais enregistré et représente une multiplication par six depuis le début de l’année. Près d’un quart de ces enfants souffraient de malnutrition aiguë sévère (MAS), la forme la plus mortelle, qui a des conséquences à court et à long terme.
Depuis la précédente analyse de l’IPC, datant du mois de mai, le nombre d’enfants dont on estime qu’ils présenteront, d’ici à la fin juin 2026, un risque élevé de décès dû à la malnutrition a triplé, passant de 14 100 à 43 400. Le nombre de femmes enceintes ou allaitantes dont on estime qu’elles seront confrontées à des niveaux dangereux de malnutrition d’ici à la mi-2026 a également triplé, passant de 17 000 en mai à 55 000. L’impact est visible: un bébé sur cinq naît prématurément ou avec un poids insuffisant.
La nouvelle évaluation fait état de la détérioration la plus grave constatée depuis que l’IPC a commencé à produire des analyses sur l’insécurité alimentaire aiguë et la malnutrition aiguë dans la bande de Gaza. C’est également la première fois qu’une famine est officiellement confirmée dans la région du Moyen-Orient.
Depuis juillet, les livraisons de nourriture et d’aide humanitaire à Gaza ont légèrement augmenté, mais elles restent largement insuffisantes, irrégulières et inaccessibles par rapport aux besoins.
Par ailleurs, environ 98 pour cent des terres agricoles du territoire sont endommagées ou inaccessibles – ce qui contribue à décimer le secteur agricole et la production alimentaire locale – et neuf personnes sur dix ont subi des déplacements répétés. L’argent liquide est extrêmement rare et les opérations d’aide humanitaire sont gravement perturbées, la plupart des camions de l’ONU ayant été pillés, dans un contexte de désespoir croissant. Les prix des denrées alimentaires sont extrêmement élevés et la population manque de carburant et d’eau pour cuisiner ainsi que de médicaments et de fournitures médicales.
Le système de santé de Gaza s’est gravement détérioré, l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement a considérablement diminué, tandis que les infections multirésistantes sont en forte augmentation et que les taux de morbidité – notamment de diarrhée, de fièvre, d’infections respiratoires aiguës et d’infections cutanées – sont alarmants chez les enfants.
Pour permettre la mise en œuvre d’opérations humanitaires vitales, les organismes des Nations Unies ont souligné l’importance d’un cessez-le-feu immédiat et durable afin de pouvoir mettre fin aux tueries, libérer les otages en toute sécurité et autoriser l’accès sans entrave à une aide massive destinée à la population de l’ensemble du territoire de Gaza. Ils ont insisté sur la nécessité urgente d’une aide alimentaire plus importante, ainsi que d’une amélioration considérable de la livraison, de la distribution et de l’accessibilité de l’aide, sans oublier les abris, le carburant, le gaz de cuisson et les intrants pour la production alimentaire. Ils ont souligné qu’il était critique de soutenir la reconstruction du système de santé, de maintenir et de relancer les services de santé essentiels, y compris les soins de santé primaires, et d’assurer l’acheminement continu de fournitures médicales à l’intérieur et dans l’ensemble du territoire de Gaza. Le rétablissement à grande échelle des flux commerciaux, des systèmes de marché, des services essentiels et de la production alimentaire locale est également vital pour éviter les pires conséquences de la famine.
«Les habitants de Gaza ont épuisé tous les moyens de survie possibles. La faim et la malnutrition font chaque jour des victimes, et la destruction des terres agricoles, du bétail, des serres, des pêcheries et des systèmes de production alimentaire a rendu la situation encore plus désastreuse», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu. «Notre priorité doit désormais être d’assurer un accès sûr et durable à une aide alimentaire à grande échelle. L’accès à la nourriture n’est pas un privilège, mais un droit humain fondamental».
«Les avertissements quant au risque de famine sont clairs depuis des mois», a déclaré la Directrice exécutive du PAM, Mme Cindy McCain. «Ce dont nous avons besoin de toute urgence, c’est d’une aide massive, de conditions plus sûres et de systèmes de distribution éprouvés pour atteindre les personnes qui en ont le plus besoin, où qu’elles se trouvent. Un accès total à l'aide humanitaire et un cessez-le-feu immédiat sont essentiels pour sauver des vies».
«La famine est désormais une réalité sinistre pour les enfants du gouvernorat de Gaza et une menace imminente pour ceux de Deir al-Balah et de Khan Younis», a déclaré la Directrice générale de l’UNICEF, Mme Catherine Russell. «Comme nous l’avons maintes fois signalé, les signes étaient indéniables: des enfants émaciés, trop faibles pour pleurer ou manger; des bébés mourant de faim et de maladies évitables; des parents arrivant dans les cliniques sans rien pour nourrir leurs enfants. Il n’y a pas une minute à perdre. Sans un cessez-le-feu immédiat et un accès total à l’aide humanitaire, la famine se propagera et d’autres d’enfants mourront. Les enfants au bord de l’inanition ont besoin de l’alimentation thérapeutique spéciale fournie par l’UNICEF».
«L’instauration d’un cessez-le-feu est désormais un impératif moral absolu», a déclaré le Directeur général de l’OMS, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus. «Le monde a attendu trop longtemps, regardant les décès tragiques et inutiles s’accumuler à cause de cette famine provoquée par l’homme. La malnutrition généralisée signifie que des maladies courantes et généralement bénignes, comme la diarrhée, deviennent mortelles, en particulier pour les enfants. Le système de santé, géré par des soignants affamés et épuisés, ne peut pas faire face. Il faut de toute urgence approvisionner Gaza en nourriture et en médicaments pour sauver des vies et commencer à faire reculer la malnutrition. Les hôpitaux doivent être protégés pour qu’ils puissent continuer à soigner les patients. Les blocages de l’aide doivent prendre fin et la paix doit être rétablie pour que puisse débuter la guérison».
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Note à l’intention des rédacteurs:
L’alerte de l’IPC est disponible (en anglais) ici.
*Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) est une initiative innovante qui réunit 21 partenaires, dont des organismes des Nations Unies et des organisations non gouvernementales internationales, et qui vise à améliorer l’analyse et la prise de décisions en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. En se fondant sur la classification et l’approche analytique de l’IPC, les gouvernements, les organismes des Nations Unies, les organisations non gouvernementales, les entités de la société civile et d’autres acteurs collaborent pour déterminer l’ampleur et la gravité de l’insécurité alimentaire aiguë et chronique et des situations de malnutrition aiguë dans un pays donné, selon des normes scientifiques internationalement reconnues. Pour en savoir plus, cliquez ici.
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