À la 16e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP16), la FAO oriente les pays vers la recherche de solutions dans les systèmes agroalimentaires

Pour respecter les engagements historiques de la COP15, il faut désormais intégrer les systèmes agroalimentaires dans les stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité.

Un agriculteur en Colombie.

©FAO/Patrick Zachmann/Magnum Photo

25/10/2024
Cali (Colombie) – Traduire en actes les ambitions: tel est le prochain enjeu de la lutte pour la conservation des multiples espèces végétales et animales qui forment la vie sur Terre et des habitats dont elles dépendent, et notamment celui de l’humanité.  
 
À l’heure actuelle, une personne sur 11 dans le monde souffre de la faim, et d’après les projections, 585 millions de personnes seront en situation de sous-alimentation chronique d’ici à 2030. Sans biodiversité, nous ne pourrons pas nourrir le monde durablement. 
 
À la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique de cette année (COP16), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) aura pour mission d’aider les membres à traduire leurs engagements en plans concrets. On associe souvent les objectifs de biodiversité aux animaux exotiques, aux étendues de nature sauvage et aux aires de protection de la nature. Or, en la matière, la clé du succès mondial est d’être en paix avec la nature en assurant à la fois la protection et la gestion durable de la biodiversité dans l’agriculture et les systèmes alimentaires.  
 
«Les solutions des systèmes agroalimentaires sont indispensables à la résolution des grands défis liés au climat, à la biodiversité et à la gestion des terres», explique M. Kaveh Zahedi, Directeur du Bureau du changement climatique, de la biodiversité et de l’environnement de la FAO. «Elles doivent être prioritaires dans les accords multilatéraux sur l’environnement, recevoir davantage de ressources sur le plan qualitatif et quantitatif, et être pleinement prises en compte dans les processus de planification et les stratégies nationales.». 
 
La précédente COP15, qui s’est tenue à Kunming (Chine) et à Montréal (Canada), a marqué un tournant puisque 196 pays se sont mis d’accord sur 23 cibles pour 2030 et quatre objectifs à long terme pour 2050. Un point peut-être tout aussi important, du moins pour la FAO, a été la reconnaissance par les dirigeants mondiaux de l’importance fondamentale d’utiliser durablement la biodiversité, notamment dans l’agriculture, ce qui a élargi le champ des politiques et de l’action au-delà de la seule conservation.  
«Cali est le rendez-vous qui permettra de traduire dans des plans concrets cette immense ambition, et nous devons plaider pour que l’accent mis sur l’utilisation de l’agriculture pour promouvoir la biodiversité reste au centre des préoccupations», précise M. Zahedi. 
 
Les secteurs agroalimentaires (la production végétale et animale, les forêts, les pêches et l’aquaculture) ont un lien, sous une forme ou une autre, avec tous les objectifs du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. La publication Delivering on the Kunming-Montreal Global Biodiversity Framework through agrifood systems (Mettre en œuvre le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal grâce aux systèmes agroalimentaires), qui a été publiée cette semaine, présente certains des liens entre chacune des cibles du Cadre mondial et les systèmes agroalimentaires. Il s’agit aussi bien des cibles relatives à la restauration des écosystèmes, aux espèces exotiques envahissantes et à la pollution, que de celles liées aux ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture, à la santé des sols et à la pollinisation.  
 
La conservation et l’utilisation durable de la biodiversité sont et ont toujours été au cœur du mandat de la FAO. Les activités de la FAO relatives à la biodiversité sont encadrées par sa Stratégie relative à l’intégration de la biodiversité dans tous les secteurs de l’agriculture et au Plan d’action connexe. Elles portent sur la mise en place de systèmes agroalimentaires résilients capables de lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes. 
 
La FAO est l’organisme garant du suivi d’environ 25 indicateurs phares, indicateurs de composantes et indicateurs complémentaires du Cadre mondial. 
 
Quelques exemples d’initiatives de la FAO à la COP16 
 
La FAO participe à plusieurs manifestations et présentations organisées à l’occasion du sommet de la COP16. On note par exemple le lancement du projet financé par l’Allemagne en soutien à l’initiative pour la restauration des paysages forestiers en Afrique (AFR100), qui vise à restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées sur ce continent d’ici à 2030. 
 
Une rencontre spéciale a été organisée à Cali le 22 octobre 2024 pour célébrer la ratification par la Colombie du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture. La Colombie est ainsi devenue la 153e partie contractante du Traité. 
La Journée de la restauration du 30 octobre, qui s’inscrit dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, sera marquée par le lancement des directives sur la cible 2. 
 
La FAO fournit également à ses membres une assistance technique pour leurs stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité (SPANB), en veillant à l’intégration des politiques et pratiques agroalimentaires. À ce jour, l’Organisation a aidé 40 pays et s’est engagée à élargir cette assistance, notamment pour couvrir les phases de mise en œuvre et de suivi.  
 
Le 30 octobre, au cours de la session de haut niveau réunissant en débat plus de 100 ministres du monde entier, la FAO, en collaboration avec le secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, lancera l’initiative d’appui à l’intégration de l’agriculture dans les stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité (Agri-NBSAPs Support Initiative). Cette initiative concernera 15 pays, qu’elle aidera dans la recherche des outils, dispositifs et mécanismes financiers de pointe ainsi que des instruments de politiques novateurs qui encouragent l’adoption de pratiques favorables à la biodiversité dans les systèmes agroalimentaires et évaluent leurs effets sur la biodiversité et les résultats socioéconomiques, ce qui accélérera la mise en œuvre du Cadre mondial. 
 
La FAO va par ailleurs publier un nouveau document, intitulé Biodiversity Impacts of Nationally Determined Contributions Actions in Agrifood Systems (Conséquences sur la biodiversité des contributions déterminées au niveau national dans les systèmes agroalimentaires), qui analysera les effets potentiels sur la biodiversité des mesures prises pour atteindre les objectifs d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets par le biais des systèmes agroalimentaires, ainsi que la manière de trouver les synergies et les avantages communs entre ces domaines d’activité étroitement interconnectés. 
 
Il existe d’autres publications, contenant notamment des orientations et des informations sur la restauration des écosystèmes, la planification de l’utilisation des terres, le rôle de la protection, de la préservation et de la gestion durable des forêts, et une collection qui explique comment la FAO collabore avec le Fonds pour l’environnement mondial pour accéder aux ressources aux fins d’investissement.  
 
Les principaux messages de la FAO 
 
Il faut que les parties prenantes réunies à Cali mettent à profit les accords de la COP15 et saisissent les occasions d’intégrer les systèmes agroalimentaires dans leurs cadres de planification et de décision en matière de biodiversité.  
 
Les solutions axées sur les systèmes agroalimentaires sont des solutions liées au climat, à la biodiversité et à la terre, qui permettent de relever les principaux défis interdépendants qui se posent aujourd’hui aux populations et à la planète. Elles doivent être considérées comme prioritaires dans les accords environnementaux multilatéraux et pleinement intégrées dans les processus et stratégies de planification nationaux. Il sera nécessaire de prévoir des financements plus conséquents et plus efficaces, probablement supérieurs à 1 000 milliards d’USD, à l’appui des mesures en faveur de la biodiversité et du climat, et il est essentiel de cibler la transformation des systèmes agroalimentaires. 
 
En parallèle, il faut développer les solutions axées sur les systèmes agroalimentaires, moyennant des politiques porteuses, les innovations et les technologies, afin de venir en aide aux petits exploitants agricoles et aux producteurs. Pour être la plus efficace possible, la transformation des systèmes agroalimentaires doit être équitable, inclusive et au service de l’égalité des genres. 
 
Par ailleurs, les systèmes agroalimentaires sont complexes et offrent un large éventail de solutions avantageuses pour tous sur le terrain. M. Zahedi, Directeur à la FAO, cite la restauration des sols comme un exemple qui offre des résultats prometteurs ayant une grande utilité aussi bien pour l’humanité que pour l’environnement: des interventions efficaces sur les terres dégradées de la planète, qui représentent un tiers des terres, peuvent accroître la richesse des espèces, améliorer la séquestration du carbone et augmenter les rendements des cultures.
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