Rome – Le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, a aujourd’hui prononcé son allocution d’ouverture à la
44e session de la Conférence de la FAO (28 juin - 4 juillet), dans lequel il a rappelé que l’humanité se trouvait à «un tournant sans pareil», qui exige l’espoir, l’action et un multilatéralisme réel pour apporter des solutions à des défis imbriqués.
Affirmant la nécessité de passer de la parole aux actes, M. Qu a appelé de ses vœux la volonté collective, le dévouement et la passion de l’ensemble des membres, partenaires et parties prenantes pour relever les défis mondiaux et interdépendants et, de là, ouvrir des horizons.
«[L]es fondations mêmes des systèmes agroalimentaires mondiaux sont mises à l’épreuve», a-t-il déclaré. «Cette session de la Conférence constitue un moment de rassemblement de la communauté internationale, qui doit nous permettre de définir la stratégie qui donnera corps à notre ambition, de porter rapidement l’innovation à plus grande échelle et de traduire la solidarité en actions et en solutions concrètes.»
La Conférence, qui est le principal organe directeur de la FAO et se réunit tous les deux ans, a débuté le samedi 28 juin avec l’élection à sa présidence de M. Mabouba Diagne, Ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage du Sénégal, et le discours de la
Conférence McDougall prononcé par M. Philemon Yang, Président de la 79
e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Tout au long de la semaine, les membres de la FAO examineront les priorités de l’Organisation ainsi que la proposition de
Programme de travail et budget 2026-2027.
Ce qu’il faut retenir de l’allocution du Directeur général
Dans le discours qu’il a prononcé à la Conférence, le Directeur général a souligné l’engagement permanent de la FAO en faveur de l’efficience et de l’excellence opérationnelle, en particulier dans un contexte de financement difficile.
Observant que «[l]a contraction des ressources nous pousse à prendre des décisions difficiles», M. Qu a expliqué qu’il cherchait depuis son premier jour à la tête de la FAO à s’assurer que l’Organisation soit souple, adaptable et axée sur les résultats, et qu’elle soit maintenant prête à mettre l’accent sur les initiatives à fort impact qui maximisent le retour sur investissement.
«À cet égard, il sera primordial de tirer le meilleur parti des compétences techniques et des connaissances spécialisées dans les principaux domaines de travail de l’Organisation et de mettre à profit des partenariats porteurs de transformation, de façon à exploiter pleinement les ressources, le savoir-faire et le potentiel d’innovation à disposition», a-t-il déclaré.
Le Directeur général a présenté les initiatives qu’il a pilotées au cours de ses six années à la tête de la FAO et les priorités fixées pour ses deux dernières années à ce poste. Il a évoqué certains résultats tangibles de la FAO, citant le déploiement de drones, de la robotique et des technologies d’agriculture de précision dans plus de 50 pays et les investissements, supérieurs à 2 milliards d’USD, dans les systèmes semenciers et la diversité des cultures dans plus de 20 pays. Quelque 136 pays ont maintenant adopté les solutions numériques
ePhyto de la FAO et plus de 50 pays bénéficient de conseils normatifs sur l’amélioration de la gestion des organismes nuisibles, des engrais et des pesticides.
Au cours des 12 derniers mois, la FAO a concouru à l’élaboration de 65 projets d’investissement public approuvés par des institutions financières internationales dans 46 États membres de l’Organisation, ce qui représente des investissements de 9 milliards d’USD, a-t-il indiqué, ajoutant que «[l]es fonds publics doivent servir à catalyser des investissements privés responsables».
M. Qu a dégagé les principales approches qui permettront à la FAO de maintenir et d’accroître son impact:
Se concentrer sur les domaines d’expertise de la FAO: travaux normatifs, données et statistiques, compétences techniques et spécialisées;
Démontrer l’obtention de résultats tangibles au regard des quatre améliorations – production, nutrition, environnement et conditions de vie;
Approfondir les partenariats – traditionnels et nouveaux – afin d’accroître notre portée et de continuer à assurer des services techniques indispensables, des interventions d’urgence vitales et des travaux normatifs essentiels.
Le Directeur général a mentionné les grands changements intervenus à la FAO – qui fêtera cette année son 80
e anniversaire –, pendant son mandat, de la réorganisation physique du siège aux initiatives phares, comme l’
initiative Main dans la main, la création réussie du
Forum mondial de l’alimentation, et les derniers efforts visant à rendre le réseau des bureaux décentralisés de l’Organisation moderne et efficace afin d’accroître l’impact des résultats dans les pays.
De surcroît, M. Qu a indiqué que la FAO proposerait bientôt un nouveau mécanisme innovant destiné à étayer les activités reconnues de l’Organisation s’agissant de prévenir les futures pandémies causées par les maladies animales transfrontières, de s’y préparer et d’y riposter, alors que ces activités ont été touchées par des coupes dans les ressources.
«Nous sommes des prestataires de services» et, dans le fond, la FAO est au service des membres, des agriculteurs et des consommateurs, a-t-il précisé.
«Je souhaite que nous nous remémorions cette 44
e session [de la Conférence de la FAO] comme le moment où nous avons vu l’espoir au milieu des difficultés et où nous avons choisi collectivement une approche positive, en faisant preuve d’une vision prospective et d’un multilatéralisme réel», a-t-il conclu. «Restons fidèles à notre aspiration fondamentale commune, celle de réfléchir, d’apprendre et d’avancer ensemble dans l’intérêt de notre organisation, de l’humanité et de la planète entière. N’abandonnez jamais tant que notre mission reste à accomplir».
«Cette session de la Conférence nous donne la possibilité de mettre à profit cette dynamique – de passer de “peut-être” à “comment”», a-t-il expliqué, pour susciter une action collective et bâtir des systèmes agroalimentaires résilients qui permettent de nourrir tout le monde, de protéger la planète et de donner aux communautés les moyens d’agir.
L’allocution du Directeur général est disponible dans son intégralité sur
cette page.
Autres orateurs
Dans un message adressé à la Conférence et lu par Monseigneur Fernando Chica Arellano, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des organismes des Nations Unies de Rome qui œuvrent dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture, le pape Léon XIV a fait l’éloge de la gestion de la FAO par le Directeur général et de ses initiatives visant à «mettre un terme au scandale de la faim dans le monde».
Le pape a déploré le rôle des conflits dans l’augmentation de l’insécurité alimentaire, souvent par des attaques directes sur la production et la distribution de nourriture, ce qu’il a décrit comme une façon répréhensible et «très bon marché de faire la guerre», mettant en avant que la clé pour vaincre la faim réside dans le partage.
M. Hans Hoogeveen, le Président indépendant du Conseil de la FAO sortant, a souligné dans son discours de départ que le monde n’est «pas du tout en bonne voie» d’atteindre l’objectif de la sécurité alimentaire pour tous et de ne laisser personne de côté, et il a alerté sur l’aggravation de la crise humanitaire mondiale. M. Hoogeveen a expliqué que les financements publics allaient très certainement reculer au cours des prochaines années et qu’il était donc impératif que la FAO se montre créative pour trouver des ressources supplémentaires. «Nous avons plus que jamais besoin de la FAO», a-t-il déclaré.