La FAO inaugure une initiative mondiale programmée sur 10 ans, destinée à réduire la nécessité de recourir aux antimicrobiens en vue d’opérer une transformation durable des systèmes agroalimentaires

Cette initiative intitulée RENOFARM, acronyme anglais de «Réduire la nécessité de recourir aux antimicrobiens sur les exploitations agricoles en vue d’une transformation durable des systèmes agroalimentaires», est déjà à l’essai en Indonésie, en Ouganda et au Nigéria.

FAO/Alessandro Penso

L’utilisation persistante d’antimicrobiens dans la production animale est préoccupante pour la santé humaine, le bien-être animal et la durabilité environnementale.

©FAO/Alessandro Penso

25/04/2024

Chongqing (Chine)/Rome – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a annoncé aujourd’hui le lancement d’une initiative centrée sur les pays et axée sur des mesures concrètes, dont le but est de réduire la nécessité du recours aux antimicrobiens sur les exploitations agricoles, en contrepoint du risque croissant que représente pour le secteur de l’alimentation et de l’agriculture la résistance aux antimicrobiens, celle-ci ayant en effet des conséquences néfastes sur la santé des animaux terrestres et aquatiques, des végétaux et sur l’environnement, à quoi s’ajoute le préjudice économique important qu’elle cause aux agriculteurs dans l’ensemble du monde. 

«L’utilisation persistante d’agents antimicrobiens dans la production animale est un sujet de préoccupation pour la santé humaine, le bien-être animal et la pérennité environnementale», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, dans une allocution vidéo annonçant le lancement de l’initiative «Réduire la nécessité de recourir aux antimicrobiens sur les exploitations agricoles pour une transformation durable des systèmes agroalimentaires» (RENOFARM).  

«Nous devons explorer des pistes novatrices conduisant à juguler le recours aux agents antimicrobiens et à promouvoir des pratiques durables qui préservent la santé publique et les équilibres de la planète, tout en améliorant la productivité des élevages», a déclaré le Directeur général aux participants du colloque international où sont étudiées les pistes d’une réduction de la nécessité du recours aux agents antimicrobiens dans l’intérêt d’une transformation durable de l’élevage, qui s’est tenu à Chongqing. 

Organisé en collaboration avec le District de Rongchang, la ville de Chongqing, l’Académie des sciences de la vie animale de Chongqing, le Centre national d’innovation technologique dans la production porcine, et avec le soutien du Ministère de l’agriculture et des affaires rurales de Chine, ce colloque a rassemblé plus de 200 spécialistes de la Chine et de l’ensemble du monde.  

Épauler l’action publique 

L’initiative RENOFARM vise à épauler l’action publique des pays en mettant à leur disposition une assistance technique et un développement des capacités, et en permettant des échanges de connaissances ayant pour ambition de réduire la nécessité de recourir aux agents antimicrobiens dans la production animale, en faisant de la santé et du bien-être animal une priorité et en renforçant la sécurité alimentaire et nutritionnelle, contribuant ainsi à la réalisation du Programme 2030 et de ses objectifs de développement durable. 

En intervenant aux côtés des gouvernements, des exploitants agricoles, du secteur privé et de la société civile et d’autres acteurs, cette initiative œuvrera à l’accomplissement des «cinq B» au niveau des unités d’élevage: bons services sanitaires, bonnes pratiques de production, bons choix des méthodes et moyens de substitution, bonnes connections et bonnes incitations, a déclaré le Directeur général.  

L’objectif de la FAO est de mettre en œuvre cette initiative dans plus de 100 pays en coordination avec ses partenaires de l’Alliance quadripartite pour «Une seule santé», à savoir l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). 

L’essai indonésien 

L’initiative RENOFARM est d’ores et déjà à l’essai dans le secteur de la volaille de la province indonésienne de Lampung avec la collaboration d’organismes publics et de parties prenantes locales. D’autres expériences pilotes sont en cours en Ouganda et au Nigéria. 

En Indonésie, une école pratique d’agriculture, conçue pour donner aux éleveurs locaux une autonomie d’action dans ce domaine, est en cours de mise en place dans le cadre du projet de développement des capacités des agriculteurs et de leur familiarisation à la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Des matériaux didactiques, actualisés en fonction de l’expérience locale et des pratiques optimales leur ont été présentés; 20 animateurs ont été formés et les principes ont été mis en application à titre d’essai chez une vingtaine d’éleveurs de volaille. 

Des discussions au sein de groupes de réflexion, organisées dans le cadre de l’initiative, ont mis en évidence que les élevages de poulets de chair de la province de Lampung avaient amélioré leurs modes de gestion des animaux en opérant la transition vers un dispositif de cages semi-ouvertes. Cela a eu des conséquences positives pour les protocoles de biosécurité et les efforts visant à réduire le recours aux agents antimicrobiens. Il n’en reste pas moins que les programmes d’administration d’antibiotiques aux poulets se poursuivent, en raison de préoccupations qui ont trait à la qualité des poulets et au respect par les éleveurs des protocoles de biosécurité.  

Des mesures applicables 

La réunion de cette semaine à Chongqing vise à conclure un accord sur des mesures applicables dans le cadre de RENOFARM et des engagements concrets en sa faveur à l’approche de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la résistance aux antimicrobiens, qui doit se tenir à New York en septembre, et de la 4e Réunion ministérielle mondiale de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens prévue en Arabie saoudite en novembre 2024.  

À la fin de septembre, la FAO accueillera la toute première session de la Conférence mondiale sur l’innovation en matière de santé animale, les centres de référence et les vaccins. Cette conférence a pour objectif de mettre les idées en commun, d’échanger des expériences et de définir des mesures concrètes d’amélioration de la santé animale, de lutte contre la résistance aux antimicrobiens et de promotion d’une transformation durable de l’élevage.  

La résistance aux antimicrobiens représente une menace pour les êtres humains, les animaux, les végétaux ainsi que pour l’environnement. Il est indispensable de réduire la nécessité de recourir aux agents antimicrobiens, comme il est impératif de limiter l’apparition d’agents pathogènes résistants pour entretenir la capacité mondiale de traiter les pathologies humaines, animales et végétales, mais aussi pour réduire les risques qui pèsent sur la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire des aliments et pour protéger l’environnement. Pour en savoir plus sur les travaux menés par la FAO en matière de résistance aux antimicrobiens, cliquer ici

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Francis Markus FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]