L’initiative «S’engager vers plus d’égalité» pourrait profiter à 54 millions de femmes dans le monde
Femmes apicultrices en Afghanistan.
©FAO/Hashim Azizi
NEW YORK – Remédier aux disparités entre les genres dans les systèmes agroalimentaires permettrait de faire reculer considérablement la faim dans le monde, de faire augmenter les revenus de centaines de millions de personnes et de relever le produit intérieur brut mondial de 1 000 milliards de dollars, ce qui placerait le monde sur l’une des trajectoires les mieux tracées pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).
Quelque 75 pour cent des documents de politiques agricoles et de développement rural de 68 pays en développement font cas du rôle des femmes et des difficultés auxquelles elles se heurtent, témoignant d’une prise de conscience de la question. Pour autant, seules 19 pour cent de ces politiques sont assorties d’objectifs concrets en matière d’égalité des genres, ce qui signifie que l’attention et l’engagement doivent être renforcés.
Soucieuse de promouvoir un meilleur alignement des politiques et des résultats en matière de parité femmes-hommes, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé l’initiative S’engager vers plus d’égalité, une démarche qui vise à renforcer l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes dans les systèmes agroalimentaires au moyen de financements, d’investissements et de partenariats, en permettant à un large éventail d’acteurs de rendre compte d’un ensemble stratégique d’engagements.
«Les faits nous montrent comment lutter contre les inégalités de genre, et ces faits nous poussent tous à agir, collectivement et de toute urgence», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, à l’occasion de la manifestation de haut niveau «S’engager vers plus d’égalité: investir dans l’avenir des femmes et des filles» organisée en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies pour présenter l’initiative.
«Réduire ces inégalités et autonomiser les femmes et les filles dans les systèmes agroalimentaires renforcerait considérablement la croissance économique, la sécurité alimentaire, l’accès à une alimentation saine et la résilience des femmes, de leurs ménages et de leurs communautés, en particulier dans les zones rurales», a-t-il déclaré.
Parmi les intervenants de haut niveau qui se sont exprimés à cette occasion figuraient des ministres représentant l’Irlande, la Norvège et la Türkiye, dont certains ont annoncé de nouveaux engagements de ressources au service de l’initiative. Au nombre des participants figuraient également des représentants du Brésil, des États-Unis d’Amérique, du Royaume-Uni, de la Zambie et d’autres membres de la FAO, ainsi que d’autres organismes majeurs du système des Nations Unies, d’institutions multilatérales, d’organisations non gouvernementales et du secteur privé.
L’initiative «S’engager vers plus d’égalité», lancée officiellement au début de l’année, a attiré des partenaires de tous les secteurs et pourrait profiter à 54 millions de femmes dans le monde, soit plus d’une femme sur dix travaillant dans les systèmes agroalimentaires. On estime à 1 milliard d’USD le montant de l’investissement initial qui sera alloué à l’initiative.
Fonctionnement de l’initiative
L’initiative «S’engager vers plus d’égalité» se fonde sur une matrice des engagements qui permet aux parties prenantes d’examiner et de définir les engagements concrets qui peuvent être pris pour faire une différence tangible dans la vie des femmes et des filles.
L’un des grands objectifs consiste à augmenter le nombre et à accroître la valeur des projets porteurs de transformations en matière de genre, depuis la conception jusqu’à la mise en œuvre. Parmi les autres objectifs, citons le resserrement des liens et la multiplication des synergies entre les engagements financiers qui sont pris en matière de changement climatique et de résilience ou dans d’autres domaines ainsi que le renforcement et le développement des partenariats entre tous les acteurs qui mènent des politiques et réalisent des investissements visant à promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes dans les systèmes agroalimentaires.
En ce qui concerne les donateurs et les promoteurs de projets ainsi que les membres de la FAO, les entreprises, les organisations de producteurs et les autorités locales, la matrice met particulièrement l’accent sur les mesures qui visent à combler les écarts de rémunération et de productivité entre les femmes et les hommes, ainsi que sur les moyens de développer la collecte de données et d’éléments probants et les travaux de recherche.
Parmi les objectifs les plus saillants, on peut citer un engagement accru en faveur des achats directs auprès d’entrepreneuses, une plus grande parité femmes-hommes aux postes à responsabilité dans les entreprises, la formation et la mise à niveau des employées dans les filières agroalimentaires, des politiques et programmes visant à renforcer l’accès à la garde d’enfants, au crédit et à la technologie, et un effort plus soutenu pour recueillir des données ventilées par sexe et par âge sur la taille des parcelles agricoles, la propriété, les revenus, etc.
Quelle forme la FAO donne-t-elle à son engagement?
Le Directeur général, M. Qu Dongyu, a mis l’accent sur trois objectifs particuliers, de grande importance, que s’est fixés la FAO pour les prochaines années.
Premièrement, l’Organisation s’engage à faire un point sur les mesures porteuses de transformation en matière de genre dans tous ses projets et à ce que 10 pour cent de ces projets contiennent de telles mesures d’ici à 2030. Prometteuses, les approches porteuses de transformation en matière de genre pourraient faire évoluer les normes sociales discriminatoires, offrent un bon rapport coût-efficacité et apportent de nombreux gains puisqu’elles améliorent la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens de subsistance des femmes, des ménages et des communautés.
Deuxièmement, la FAO s’engage à promouvoir la diffusion et l’adoption dans 10 pays, d’ici à 2026, des Directives volontaires du [Comité de la sécurité alimentaire mondiale] sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles dans le contexte de la sécurité alimentaire et de la nutrition, un outil essentiel pour améliorer les cadres de décision.
Troisièmement, la FAO s’est engagée à intégrer un domaine «genre» dans sa base de données statistiques, FAOSTAT d’ici à 2026, ce qui permettra à chacun d’accéder à toutes les données disponibles sur les principales dimensions de l’égalité des genres, notamment sur la propriété des biens, l’emploi et la formation des femmes dans les systèmes agroalimentaires, ainsi qu’à des données sur la sécurité alimentaire et la nutrition des femmes. Ces données, et le fait qu’elles soient facilement accessibles, permettront de rendre plus visibles les lacunes importantes qui subsistent dans la mesure des progrès accomplis en matière d’égalité des genres dans le secteur, ainsi que pour la réalisation même de ces progrès.
Le rapport 2023 de la FAO intitulé «La situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires», dont il ressort que l’écart de productivité entre exploitations de même taille gérées par des femmes et par des hommes est de 24 pour cent, que les femmes salariées dans l’agriculture gagnent en moyenne 82 cents pour chaque dollar gagné par les hommes, et que les femmes travaillent en moyenne une heure de plus par jour pour surmonter les difficultés liées au changement climatique, donne une idée du chemin qu’il reste à parcourir.
Le Directeur général a également noté que l’Organisation des Nations Unies a annoncé que 2026 serait l’Année internationale des agricultrices, et la FAO se réjouit de coordonner avec ses partenaires l’organisation des activités connexes.
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