L’établissement de cartes complètes joue un rôle essentiel dans la lutte contre la trypanosomose animale
La trypanosomose animale contribue à l’insécurité alimentaire et entraîne une diminution des revenus pour des millions d’agriculteurs africains qui vivent de l’élevage.
©FAO/ Giuliano Cecchi
Rome – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié l’atlas continental de la répartition des mouches tsé-tsé en Afrique, outil indispensable pour lutter contre une maladie parasitaire du bétail souvent mortelle qui cause des milliards de dollars de pertes économiques pour les agriculteurs d’Afrique subsaharienne.
Les mouches tsé-tsé (genre Glossina) sont des insectes hématophages réservoirs et vecteurs de trypanosomes, parasites unicellulaires responsables de maladies débilitantes et souvent mortelles. Également connue sous le nom de «maladie du sommeil» chez l’homme, cette maladie affecte le système nerveux et se caractérise par des symptômes tels que la fatigue et de fortes céphalées, et peut provoquer le coma. En l’absence de diagnostic et de traitement adapté, cette maladie entraîne presque toujours la mort.
Bien que la maladie du sommeil ne soit plus considérée comme un problème de santé publique (moins de 2 000 cas humains sont signalés chaque année), elle continue d’avoir de graves répercussions sur l’élevage en Afrique. La trypanosomose animale qui touche le bétail, appelée «nagana», nuit à la production de lait et de viande et limite la capacité de travail des animaux, ce qui entraîne de l’insécurité alimentaire et une diminution des revenus pour des millions d’agriculteurs africains qui vivent de l’élevage.
L’action menée pour lutter contre la trypanosomose animale et l’éliminer nécessite de prendre de décisions fondées sur l’analyse des faits. Cependant, les dernières cartes continentales de la répartition des mouches tsé-tsé datent de plus de 50 ans, et aucune carte de l’incidence de la trypanosomose animale n’a jamais été établie à l’échelle du continent africain.
Après plusieurs années de travail, l’atlas de la FAO est la première initiative majeure menée afin de combler cette lacune.
Les données sur la répartition des mouches tsé-tsé sont basées sur 669 études scientifiques menées sur une période de 31 ans (de 1990 à 2020). Elles associent des données de géolocalisation tirées de Google Earth et des données recueillies sur le terrain dans le cadre de missions d’entomologie, y compris au moyen de pièges fixes et de rondes de captures réalisées à l’aide de dispositifs mobiles.
Répartition des mouches tsé-tsé
Au total, 7 386 sites répartis dans toute l’Afrique ont été analysés, ce qui a permis d’établir les cartes les plus complètes à ce jour sur la répartition des mouches tsé-tsé à travers le continent.
D’après les données recueillies, la présence d’espèces du genre Glossina a été confirmée dans 34 pays situés dans un espace compris entre le parallèle 15 nord au Sénégal (région des Niayes) et le parallèle 28,5 sud en Afrique du Sud (province de KwaZulu Natal). Aucune donnée n’avait été publiée sur les mouches tsé-tsé pour les cinq pays d’Afrique subsaharienne ci-après, dont on sait ou dont on suppose qu’ils sont touchés: Burundi, Guinée-Bissau, Libéria, Sierra Leone et Somalie. En outre, on ne dispose que d’informations relativement limitées pour plusieurs pays, notamment l’Angola, le Congo, la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud. Les pays d’Afrique du Nord, historiquement exempts de mouches tsé-tsé, n’ont pas été pris en compte dans l’atlas.
En règle générale, des données relativement abondantes sont disponibles pour les espèces présentant un fort intérêt du point de vue de la santé vétérinaire et publique, notamment les espèces de rivière (palpalis) et de savane (morsitans), tandis que les données sont plus rares pour les espèces de forêt (fusca).
S’appuyant sur les données disponibles, la FAO a établi des cartes continentales et nationales portant sur 26 des 31 espèces et sous-espèces reconnues de mouches tsé-tsé. Les données suggèrent la répartition géographique suivante des espèces: Glossina palpalis et Glossina tachinoides sont majoritairement présentes en Afrique de l’Ouest, Glossina fuscipes en Afrique centrale, et Glossina morsitans et Glossina pallidipes en Afrique de l’Est et en Afrique australe.
Ces données sont cruciales pour les professionnels qui travaillent sur le terrain et les décideurs politiques des pays touchés, ainsi que pour les chercheurs et les organisations internationales telles que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avec laquelle la FAO collabore étroitement dans la lutte contre la maladie du sommeil.
L’atlas fournit également un modèle pour l’élaboration de systèmes d’information nationaux. D’ailleurs, les autorités vétérinaires du Burkina Faso, de l’Éthiopie, du Ghana, du Kenya, du Mali, du Soudan et du Zimbabwe ont déjà adopté l’approche méthodologique de la FAO, avec le concours de celle-ci.
«Nous espérons que ces outils permettront de redynamiser les initiatives visant à surmonter cet obstacle majeur au développement durable en Afrique et contribueront ainsi à concrétiser la vision d’un monde en bonne santé, libéré de la pauvreté et de la faim», a écrit le Directeur de la Division de la production et de la santé animales de la FAO, M. Thanawat Tiensin, dans l’introduction de l’atlas.
Prochaines étapes
L’atlas a été élaboré par la FAO dans le cadre du Programme de lutte contre la trypanosomose africaine (PLTA), avec le soutien financier de la FAO, du Gouvernement de l’Italie, de l’Union européenne et de l’OMS.
Des mises à jour de l’atlas sont prévues, ainsi qu’une nouvelle publication afin de combler une deuxième lacune importante en matière de données: l’absence de cartes continentales sur les trypanosomoses animales.
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Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]