Rapport de la FAO: Les baisses de rendement agricole dues à la dégradation des terres touchent 1,7 milliard de personnes

L’édition 2025 de La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture porte sur la dégradation des terres causée par les activités humaines

L’édition 2025 de La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture fournit l’analyse la plus complète à ce jour des incidences de la dégradation des terres d’origine humaine sur les rendements agricoles; elle met en évidence les zones de vulnérabilité dans le monde et examine l’intersection entre ces pertes et la pauvreté ainsi que la faim et d’autres formes de malnutrition.

©FAO/Lorenzo Moncada

03/11/2025

Rome – 1,7 milliard de personnes environ vivent dans des régions qui connaissent une baisse des rendements agricoles due à la dégradation des terres causée par les activités humaines – une crise silencieuse généralisée qui met en péril la productivité agricole et menace la santé des écosystèmes partout dans le monde. 

Ce chiffre préoccupant est tiré de la dernière édition de La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, publication phare de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), officiellement publiée ce jour lors d’une manifestation tenue à cette occasion au siège de l’Organisation, à Rome. 

Le rapport contient un message clair: la dégradation des terres ne pose pas seulement un problème environnemental – elle a des répercussions sur la productivité agricole, les moyens de subsistance dans les zones rurales et la sécurité alimentaire.  

L’édition 2025 de La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture fournit l’analyse la plus complète à ce jour des incidences de la dégradation des terres d’origine humaine sur les rendements agricoles; elle met en évidence les zones de vulnérabilité dans le monde et examine l’intersection entre ces pertes et la pauvreté ainsi que la faim et d’autres formes de malnutrition. 

À partir des données mondiales les plus récentes sur la répartition des exploitations agricoles, leur taille et la production agricole, le rapport montre que des pratiques de gestion et d’utilisation intégrées et durables des terres, accompagnées de mesures adaptées, peuvent être mises en place. Ces mesures visent à éviter, réduire et inverser les processus de dégradation, tout en améliorant la production alimentaire et les moyens d’existence des paysans. 

«Pour ne pas laisser s’échapper ces possibilités, nous devons agir avec détermination. Une gestion durable des terres exige un environnement qui favorise les investissements à long terme, l’innovation et une gestion responsable», déclare le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu, dans l’avant-propos. 

L’impact de la dégradation des terres 

La FAO définit la dégradation des terres comme étant un déclin à long terme de la capacité des terres à assurer des fonctions et des services écosystémiques essentiels. 

Il est rare que la dégradation des terres soit due à une cause unique. Le plus souvent, plusieurs facteurs entrent en jeu, à savoir des facteurs naturels, comme l’érosion du sol et la salinisation, mais aussi les pressions dues à l’activité humaine, qui dominent de plus en plus. La déforestation, le surpâturage et des modes de culture et d’irrigation non durables sont désormais parmi les principaux facteurs. Le rapport porte spécifiquement sur la dégradation des terres due à l’activité humaine, en raison de ses répercussions profondes sur la productivité agricole. 

Pour mesurer la dégradation, les auteurs du rapport ont appliqué une approche fondée sur la notion de dette, à savoir qu’ils ont comparé les valeurs actuelles de trois indicateurs clés - le carbone organique du sol, l’érosion du sol et l’eau présente dans le sol - aux conditions qui seraient observées en l’absence d’activité humaine, c’est-à-dire à l’état naturel. Les données obtenues ont été introduites dans un modèle d’apprentissage automatique intégrant les facteurs de changement environnementaux et socioéconomiques, afin d’obtenir une estimation, qui sert de point de référence, de l’état des terres en l’absence d’intervention humaine. 

La dégradation des terres a un coût humain: d’après le rapport, environ 1,7 milliard de personnes dans le monde vivent dans des régions ou le rendement des cultures est 10 pour cent plus bas à cause des dégradations d’origine humaine. Parmi elles, 47 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance. En nombres absolus, ce sont les pays d’Asie qui sont les plus touchés – à la fois à cause de la dette cumulée sous forme de dégradation des terres et en raison de leur forte densité de population.  

Le rapport offre cependant un message d’espoir: inverser le cours de la dégradation d’origine humaine, ne serait-ce que de 10 pour cent, sur les terres actuellement cultivées (par exemple en adoptant des pratiques de gestion durable des terres, comme la rotation des cultures ou la technique du couvert végétal, pour préserver la santé des sols, réduire l’érosion et favoriser la biodiversité) pourrait permettre de rétablir une production suffisante pour nourrir 154 millions de personnes de plus chaque année. Ces chiffres ne sont pas des données abstraites – ils représentent une possibilité réelle de renforcer la sécurité alimentaire, de réduire la pression sur les écosystèmes naturels et d’instaurer des systèmes agroalimentaires plus résilients. 

Pour y parvenir, le rapport préconise des stratégies intégrées d’utilisation des terres et un certain nombre de mesures, notamment la réglementation, pour lutter contre la déforestation par exemple, des programmes d’incitation, et des mécanismes d’aides qui conditionnent les subventions à des résultats environnementaux.  

La dégradation des terres touche des exploitations agricoles de toute taille. Le rapport souligne cependant que les mesures prises doivent tenir compte de la structure des exploitations. En effet, les petits exploitants ont des contraintes financières différentes des grands domaines agricoles, lesquels exploitent la plus grande partie des terres et sont les mieux à même de mettre en œuvre des mesures à grande échelle. Des politiques adaptées à la configuration propre aux pays en ce qui concerne la répartition des exploitations agricoles et les problèmes et possibilités connexes peuvent permettent de réduire la dégradation des terres, en incitant les agriculteurs à adopter des pratiques durables et en décourageant la déforestation et le surpâturage.  

Le rôle de la FAO 

La communauté internationale a reconnu que la dégradation des terres était un problème mondial crucial, et plus de 130 pays se sont engagés à parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres en signant la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CLD). 

La FAO, en rassemblant des données, en guidant les politiques et en agissant sur le terrain est en première ligne dans l’action qui est menée pour éviter, réduire et inverser le processus de dégradation des terres. 

En tant qu’organisme des Nations Unies spécifiquement chargé des indicateurs de l’ODD 2 (Faim zéro), la FAO suit et tient à jour les données relatives à la répartition mondiale des déficits de rendement agroécologiques à l’aide de l’outil mondial d’analyse des zones agroécologiques (GAEZ v5), qui a été utilisé pour établir le rapport. Elle fournit aussi des données essentielles sur la santé des sols au moyen de la Carte mondiale du carbone organique présent dans le sol (GSOC)

«En 2025, la FAO réaffirme son engagement en faveur d’une gestion durable des terres. La présente édition de La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture offre une base de connaissances qui permettra de guider les politiques, les investissements et l’action à tous les niveaux et à ce titre s’inscrit dans cet engagement», écrit le Directeur général.  

Contacts

Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]

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