Le Forum mondial de l’agriculture familiale met l’accent sur le rôle des agriculteurs familiaux dans le combat contre la faim

La manifestation conjointe de la FAO et du FIDA attire l’attention sur la contribution des agriculteurs familiaux à la transformation des systèmes agroalimentaires et s’intéresse aux moyens de tirer pleinement parti des possibilités qui se présentent. Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, prononce son allocution à l’ouverture du Forum mondial de l’agriculture familiale

Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, prononce son allocution à l’ouverture du Forum mondial de l’agriculture familiale

©FAO/Giuseppe Carotenuto

15/10/2024

Rome – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Fonds international de développement agricole (FIDA) ont donné aujourd’hui le coup d’envoi du Forum mondial de l’agriculture familiale, qui vise à mettre en relief le rôle essentiel des agriculteurs familiaux dans le cadre des efforts déployés pour bâtir des systèmes agroalimentaires durables et lutter contre les effets de la crise climatique, et à recenser les moyens de renforcer l’appui qui est apporté à ces acteurs. 

Pendant trois jours, les exploitants pratiquant l’agriculture familiale occuperont, aux côtés de représentants d’autorités publiques, de chercheurs et de spécialistes, un rôle clé dans les débats sur les moyens d’accomplir des progrès en matière de sécurité alimentaire et de développement durable. Organisé à mi-parcours de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) et en marge du Forum mondial de l’alimentation 2024, au siège de la FAO, le Forum mondial de l’agriculture familiale mettra en avant des approches politiques novatrices et des pratiques qui ont porté leurs fruits dans différents pays du monde.  

Les exploitants pratiquant l’agriculture familiale «produisent, en valeur, la majeure partie de nos aliments, soit 70 à 80 pour cent des denrées alimentaires dans le monde», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, dans son allocution d’ouverture de la manifestation. 

«Les agriculteurs familiaux sont ceux qui saisissent le mieux ce que veut dire concrètement cultiver la terre et prendre soin des animaux, des océans et des forêts. Il est essentiel de les écouter et de tenir compte de leurs points de vue dans le cadre de nos débats cette semaine.»  

«Ils ont besoin de services financiers, de nouvelles technologies, de nouveaux moyens d’accès aux marchés […] et nous devons réfléchir collectivement aux moyens d’y répondre», a déclaré le Directeur général.  

«Les agriculteurs familiaux, qui sont en première ligne face à une multitude de crises, en subissent les effets les plus importants, mais ils possèdent également le savoir et l’expérience nécessaires pour opérer une véritable transformation. Nous devons les soutenir et leur donner les moyens d’agir, en veillant à ce qu’ils restent prioritaires dans nos solutions», a déclaré Mme Gérardine Mukeshimana, Vice-Présidente du FIDA.  

Mme Mukeshimana a également souligné que le Fonds avait l’ambition de mobiliser 10 milliards d’USD au profit des populations rurales au cours des trois prochaines années, afin d’améliorer la productivité agricole, de renforcer la résilience, d’accroître les niveaux de revenus, tant dans les exploitations agricoles qu’en dehors de celles-ci, et d’aider les entrepreneurs ruraux à développer leurs activités et à créer des emplois.  

Dans son allocution liminaire, M. Limber Cruz López, Ministre de l’agriculture de la République dominicaine, a invité les gouvernements à investir en priorité dans l’agriculture familiale, en particulier dans les technologies qui, selon lui, pourraient «transformer profondément la capacité de production des petits agriculteurs […] ainsi que leur qualité de vie». 

Ont également participé à la cérémonie d’ouverture M. le cardinal Mauro Gambetti, Vicaire général de Sa Sainteté pour la Cité du Vatican et archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, et M. José Graziano da Silva, Directeur général de l’Instituto Fome Zero et ancien Directeur général de la FAO. 

D’autres participants de haut niveau ont assisté à la manifestation, notamment des représentants du Gouvernement de l’Italie – l’un des principaux soutiens du Forum mondial de l’agriculture familiale –, ainsi que plusieurs ministres de différents pays, qui prendront part aux débats sur les initiatives, les défis et les possibilités au niveau national. 

Les jeunes et les agricultrices au premier plan  

Les participants au Forum mondial de l’agriculture familiale s’intéresseront aux domaines d’action prioritaires que sont l’innovation, l’investissement, l’égalité des genres et l’accès équitable aux terres et aux ressources naturelles, et étudieront plus avant certains sujets, tels que la résilience face au changement climatique, les innovations en matière de politiques publiques et la diversification des débouchés sur les marchés des agriculteurs familiaux.  

L’autonomisation des jeunes agriculteurs et le rôle important de la mobilisation des jeunes dans le domaine de l’agriculture figureront au centre des débats. L’accent sera également mis sur les approches politiques novatrices qui permettent de relever les défis particuliers auxquels font face les femmes en milieu rural, où celles-ci ont un rôle central dans la viabilité des exploitations familiales et la préservation des savoirs autochtones.  

Le Forum offrira l’occasion d’inviter les autorités publiques, les organisations et les parties prenantes à formuler de nouveau leur résolution à soutenir l’agriculture familiale, dans la droite ligne des principes de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale.  

À l’occasion de la manifestation, une station de radio rurale diffusera des programmes en direct depuis le siège de la FAO. Ce modèle de radiodiffusion, qui sera pleinement opérationnel, permettra de relayer des débats et diffuser des points de vue sur l’agriculture familiale auprès d’un public rural.  

Qu’est-ce que l’agriculture familiale? 

L’agriculture familiale joue un rôle déterminant dans la production alimentaire: on compte plus de 550 millions d’exploitations familiales, ce qui représente plus de 90 pour cent de l’ensemble des exploitations agricoles dans le monde. Les agriculteurs familiaux, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, cultivent des aliments diversifiés et nutritifs, contribuent à la biodiversité des cultures et gèrent les ressources naturelles de manière responsable. Garants de la sécurité alimentaire mondiale, ils préservent également le milieu rural, le patrimoine culturel et les ressources naturelles. 

Les agriculteurs familiaux contribuent à l’amélioration de la santé des sols, à l’accroissement de la productivité et au renforcement de la résilience face aux effets du changement climatique, en recourant à des pratiques agricoles fondées sur un savoir local qui sont très flexibles et qui sont peu dépendantes des principaux intrants externes.   

Bien qu’ils jouent un rôle important dans la production de denrées alimentaires destinées à une part considérable de la population mondiale, les agriculteurs familiaux ont des moyens de subsistance qui restent précaires. 

La plupart des agriculteurs familiaux vivent en zone rurale, où résident près de 80 pour cent des populations pauvres et en situation d’insécurité alimentaire dans le monde. Ils sont confrontés à de nombreux obstacles qui entravent leur accès aux moyens de production, aux débouchés commerciaux et aux services de base. Les agricultrices familiales se heurtent quant à elles à des obstacles encore plus importants, qui nuisent à leur productivité et portent préjudice au système agroalimentaire dans son ensemble, ce qui fait perdurer les problèmes que constituent la pauvreté et la faim. En plus de l’agriculture, ces hommes et ces femmes exercent de multiples activités économiques, qui sont généralement informelles, afin de compléter leurs maigres revenus.  

Rôle de la FAO 

La FAO et le FIDA dirigent la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028), qui a été conçue pour élaborer, améliorer et mettre en œuvre des politiques et des investissements publics visant à soutenir l’agriculture familiale et à donner ainsi aux agriculteurs familiaux les moyens de contribuer à la transformation des systèmes agroalimentaires et à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

La FAO travaille en étroite collaboration avec des autorités publiques, des parlementaires et des agriculteurs familiaux afin de mettre au point des politiques publiques et des textes de loi qui améliorent les conditions d’existence des exploitants pratiquant l’agriculture familiale. Quarante-cinq comités nationaux de l’agriculture familiale ont mobilisé au moins 2 625 acteurs concernés, parmi lesquels 1 853 organisations et fédérations d’agriculteurs familiaux, dans le cadre de processus ou de plateformes de dialogue. 

Les portails de connaissances de la FAO en la matière, tels que la Plateforme de connaissances sur l’agriculture familiale, la Plateforme technique régionale pour l’agriculture familiale et les trois initiatives régionales de communication pour le développement, fournissent des ressources précieuses et favorisent l’échange de connaissances, et les programmes, tels que les écoles pratiques d’agriculture et le Mécanisme forêts et paysans, soutiennent directement les organisations d’agriculteurs. 

Par exemple, en République dominicaine, de nouvelles propositions de loi sur l’agriculture familiale, les marchés publics et l’alimentation scolaire ont été élaborées à la suite de l’adoption du plan d’action national pour l’agriculture familiale. Le cadre législatif facilite l’élaboration d’une stratégie globale visant à renforcer les liens entre les agriculteurs familiaux et les marchés et à favoriser leur inclusion dans de nouveaux marchés liés à l’agrotourisme et aux loisirs.   

Rôle du FIDA 

Dans le cadre de sa mission, le FIDA accorde également la priorité aux agriculteurs familiaux. En tant que seul mécanisme financier des Nations Unions axé exclusivement sur l’aide aux zones rurales, il a fourni un appui financier et technique important au titre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale, ainsi qu’une contribution en nature, par l’intermédiaire de ses spécialistes techniques.  

Au Togo et en Côte d’Ivoire, le Fonds a facilité l’octroi aux comités nationaux de l’agriculture familiale d’aides financières directes destinées à élaborer des plans d’action nationaux dans ce domaine, et des initiatives analogues sont en cours au Nigéria. Dans le cadre de son action régionale, le FIDA a notamment œuvré avec l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR) et avec la FAO à l’élaboration de plans d’action régionaux et aidé les Philippines à valider leur plan d’action national.  

En 2023, le FIDA a approuvé l’octroi à la FAO et au Forum rural mondial d’une nouvelle subvention d’1 million d’USD pour soutenir davantage les organisations d’agriculteurs familiaux. La subvention comprend un fonds d’aide à la mise en œuvre de 12 plans d’action nationaux pour l’agriculture familiale dans des pays tels que le Burundi, El Salvador et Madagascar. Cette aide complète les efforts déployés dans le cadre du programme relatif aux organisations d’agriculteurs, cofinancé par l’Union européenne et le FIDA, dont le montant d’investissement important de 73 millions d’euros en Afrique, en Asie, dans les Caraïbes et en Amérique latine, vise à faire en sorte que l’agriculture familiale demeure une priorité dans les cadres de politique générale et les stratégies de développement.  

Le FIDA a également apporté un appui déterminant en faveur de l’élaboration de lois relatives à l’agriculture familiale dans des pays comme El Salvador et le Pérou et a mené des études cruciales sur les effets de la covid-19 sur les agriculteurs familiaux en Afrique de l’Ouest. 

Depuis le lancement en 2019 de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale, 364 lois, politiques et règlements ont été élaborés et approuvés dans 82 pays. Quarante-six pays ont mis en œuvre des cadres de politique générale sur l’agriculture familiale, 16 pays ont officiellement adopté des plans d’action nationaux et trois plans régionaux et sous-régionaux ont été mis au point.  

Contacts

Sreya Banerjee FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]

FAO Newsroom (+39) 06 570 53625 [email protected]

Caroline Chaumont FIDA/Rome +393496620155 [email protected]