La FAO demande instamment un accès immédiat et sans entrave afin de pouvoir acheminer, à temps pour la prochaine campagne de semis hivernaux, l’aide agricole la plus indispensable et les intrants nécessaires à la production alimentaire commerciale
Une exploitante agricole nourrissant son bétail, Deir al-Balah, bande de Gaza
©FAO/Yousef Alrozzi
Rome – Un an après le début du conflit, la famine demeure une menace bien réelle dans toute la bande de Gaza, où les situations de faim grave guettent de plus en plus de personnes avec l’intensification du conflit et l’approche de l’hiver, selon un nouveau rapport publié par l’initiative mondiale du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).
Les nouvelles données publiées nous enseignent qu’à l’échelle de la bande de Gaza, quelque 1,84 million de personnes sont exposées à des niveaux extrêmement élevés d’insécurité alimentaire aiguë en raison de la poursuite des combats, qui ont déjà fait près de 2 millions de déplacés, dévasté 70 pour cent des champs cultivés, réduit à néant les moyens de subsistance et les systèmes locaux de production de nourriture, provoqué l’effondrement des services de santé et considérablement restreint l’accès humanitaire ainsi que les activités commerciales. La malnutrition aiguë atteint elle aussi des niveaux préoccupants – dix fois supérieurs à ce qu’ils étaient avant l’escalade des hostilités.
La légère détente qui a pu être observée sur le front de l’insécurité alimentaire au cours de la période considérée (septembre-octobre 2024) est en grande partie attribuée à l’arrivée d’une aide humanitaire relativement importante dans les gouvernorats de Gaza-Nord, de Gaza, de Deir al-Balah et de Khan Younès entre les mois de mai et d’août. Cette infime amélioration sera de courte durée compte tenu des combats qui continuent et des restrictions sévères imposées aux activités humanitaires et commerciales depuis le mois de septembre, et il faut s’attendre dès lors à une recrudescence du nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire aiguë ou de malnutrition aiguë au cours de l’hiver.
D’après le nouveau rapport publié au titre de l’IPC, environ 133 000 personnes, soit 6 pour cent de la population, se trouvent désormais dans une situation d’insécurité alimentaire catastrophique (phase 5 de l’IPC). Ce chiffre devrait avoisiner 345 000 (soit 16 pour cent de la population) entre novembre 2024 et avril 2025.
Les semis d’hiver sont d’une importance vitale
La priorité de la FAO à l’heure actuelle est de relancer la production alimentaire locale et de rétablir les approvisionnements en aliments très nutritifs à Gaza, et ce d’autant plus que l’hiver approche, synonyme de baisse des températures et d’augmentation des précipitations – cause, en règle générale, d’une détérioration de la situation alimentaire et nutritionnelle dans la bande de Gaza.
Tout comme d’autres organismes des Nations Unies et acteurs humanitaires, la FAO rencontre des obstacles sur les plans de la logistique et de la sécurité, notamment en raison des restrictions imposées aux points de passage et de l’effondrement de l’ordre public à Gaza, qui empêchent l’acheminement d’une aide agricole indispensable. La pénurie de certains intrants agricoles compromet la production locale dans la mesure où il est pratiquement impossible, dans ces conditions, de mener réellement à bien semis et autres activités agricoles.
«Pour enrayer la faim et la malnutrition aiguës, nous devons agir maintenant – cesser immédiatement les hostilités, rétablir l’accès humanitaire pour procurer l’aide alimentaire et les intrants agricoles indispensables en prévision de la campagne de semis d’hiver, qui devrait avoir déjà commencé – afin que la population puisse cultiver de quoi se nourrir», a déclaré Mme Beth Bechdol, Directrice générale adjointe de la FAO.
«L’aide humanitaire ne suffit pas. La population a besoin d’aliments frais et nutritifs. Pour changer le cours des choses, il nous faut venir en aide aux exploitants agricoles, de manière à maintenir et relancer la production de nourriture, et réamorcer les importations de produits alimentaires et non alimentaires», a-t-elle ajouté.
Garder le bétail en vie
La FAO est profondément préoccupée par l’ampleur des pertes de bétail, celui-ci étant indispensable au maintien des moyens d’existence et à la survie des habitants de Gaza. L’une des priorités absolues de l’Organisation est de protéger quelque 30 000 ovins et caprins – soit environ 40 pour cent du cheptel encore en vie d’après les estimations. Nourrir ces animaux assurera en effet une production de lait suffisante pour tous les enfants de Gaza.
Au 29 septembre 2024, la FAO avait distribué du fourrage à plus de 4 400 éleveurs à Rafah, Khan Younès et Deir al-Balah et fourni des kits vétérinaires à environ 2 400 familles d’éleveurs.
La FAO se tient prête à acheminer des fournitures essentielles en plus grande quantité – fourrage supplémentaire, bâches en plastique pour les serres, citernes à eau en plastique, vaccins, blocs énergétiques et abris pour animaux – lorsque les conditions d’accès, de sécurité et de déplacement seront de nouveau réunies.
En réponse au dernier appel éclair des Nations Unies, qui court d’avril à décembre 2024, la FAO a besoin de 40 millions USD pour fournir une aide immédiate d’urgence, et notamment pour distribuer des aliments pour animaux et du matériel vétérinaire, remplacer le bétail perdu et apporter son aide aux exploitants agricoles et fermiers vulnérables, tant à Gaza qu’en Cisjordanie. À ce jour, elle est parvenue à réunir environ 2.25 millions USD.
Bande de Gaza: Aperçu spécial de l’IPC sur l’insécurité alimentaire aiguë et de la malnutrition dans la bande de Gaza (septembre 2024-avril 2025) (en anglais)
Gaza: la FAO livre plus de 2 400 kits vétérinaires pour protéger le bétail et préserver les moyens de subsistance
Sur le terrain à Gaza (en anglais)
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