Le Brésil, la Chine, l’Espagne et le Mexique ont été une fois de plus désignés par la FAO
À Lanzarote, les agriculteurs ont développé un système agricole remarquable, fondé sur l’utilisation innovante du sol volcanique local.
©FAO/Lis Sanchez
Rome – Un système d’agroforesterie traditionnel de culture de la yerba maté au Brésil, trois sites spécialisés dans les moules perlières, le thé blanc et les poires en Chine, un système ancestral de préservation des cultures essentielles et de la biodiversité au Mexique et un système agricole original situé sur le territoire volcanique de l’île de Lanzarote, en Espagne, viennent d’être ajoutés aux Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM).
«Dans un contexte marqué par les effets croissants de la variabilité et des extrêmes climatiques et de la perte de biodiversité sur l’agriculture et les agriculteurs, ces systèmes représentent de belles réussites qui montrent que les communautés peuvent exploiter des pratiques et systèmes de connaissances ancestraux pour se nourrir, protéger les emplois et les moyens de subsistance et préserver des paysages agricoles singuliers et durables, a déclaré Kaveh Zahedi, Directeur du Bureau du changement climatique, de la biodiversité et de l’environnement à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les systèmes du patrimoine agricole sont des modèles vivants d’harmonie entre les êtres humains et la nature qui ont prospéré et évolué au fil des générations et dont nous avons beaucoup à apprendre à l’heure où nous devons nous adapter à un avenir incertain.»
Ces systèmes ont été désignés officiellement dans le cadre du programme phare de la FAO lors d’une réunion du Groupe scientifique consultatif du SIPAM qui s’est tenue du 19 au 21 mai. Avec ces nouveaux ajouts, le réseau mondial de la FAO consacré aux systèmes du patrimoine agricole comprend à présent 95 systèmes dans 28 pays, dans diverses régions de la planète. Ces nouvelles désignations portent le nombre de Systèmes ingénieux à deux au Brésil, à 25 en Chine (le pays qui en compte le plus), à trois au Mexique et à six en Espagne.
Culture de la yerba maté sous ombrière au Paraná (Brésil)
Depuis des siècles, les peuples autochtones et les communautés traditionnelles du sud du Brésil cultivent la yerba maté grâce à des systèmes d’agroforesterie ombragés ancrés dans des pratiques ancestrales et agroécologiques. Les feuilles des espèces d’arbres indigènes sont traditionnellement consommées sous la forme de chimarrão, de tereré ou de maté dans d’autres pays, tels que l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay.
En associant les cultures, les fruits autochtones et les produits forestiers, ce système renforce la biodiversité, la souveraineté alimentaire et l’identité culturelle tout en contribuant à la préservation de la forêt d’araucaria, réservoir de vie essentiel comptant parmi les foyers de biodiversité les plus menacés de la planète.
Dans une région fortement touchée par la déforestation, où il ne subsiste plus qu’un pour cent de la forêt d’origine, ce système est l’un des rares exemples de pratique agricole qui préserve le couvert forestier tout en protégeant les moyens de subsistance et le patrimoine culturel.
Système mixte de culture de moules perlières à Deqing, dans la province du Zhejiang (Chine)
Les agriculteurs du district de Deqing entretiennent un système de co-culture de moules et de poissons vieux de 800 ans combinant aquaculture, agriculture et artisanat. Centré sur les techniques d’élevage de moules perlières, celui-ci permet de produire des perles, du riz ou encore de la soie. Ce système circulaire, qui améliore la biodiversité, la sécurité alimentaire et le patrimoine culturel, est riche d’enseignements au regard de l’agriculture durable, de l’équilibre écologique et du développement rural.
La filtration par les moules réduit l’ammoniac de 40 pour cent, le nitrite de 54 pour cent, l’azote total de 38 pour cent et la demande chimique en oxygène de 30 pour cent, ce qui rend cette forme d’aquaculture compatible avec la restauration des écosystèmes.
Ce système – qui comprend agriculture, aquaculture, production de perles, écotourisme et enseignement par l’expérience – fait vivre plus de 22 000 locaux.
Système de culture de thé blanc à Fuding, dans la province du Fujian (Chine)
À Fuding, en Chine, la culture séculaire du thé blanc allie sagesse écologique et savoir-faire artisanal. Centré sur l’arbre mère Lüxueya et les techniques de flétrissement naturel, ce système intègre les plantations de thé aux forêts et aux autres cultures, et permet ainsi de préserver la biodiversité et de soutenir les moyens de subsistance des populations rurales. Les profondes racines culturelles, les rituels et les traditions de la région témoignent du lien solide qui unit les populations, le thé et la terre.
Outre les 18 variétés de théiers qu’il permet de protéger, ce système entretient plus de 120 autres espèces agricoles, dont 41 légumes, 14 fruits, 11 espèces d’animaux domestiques, 31 espèces d’eau douce et 32 champignons comestibles, ce qui contribue à la résilience du complexe écologique et des systèmes alimentaires.
Système ancestral des vergers de poiriers de Shichuan (district de Gaolan, province du Gansu, Chine)
Dans la ville de Shichuan, sur le fleuve Jaune, un système d’agroforesterie né il y a 600 ans utilise la méthode traditionnelle «gaotian» pour faire prospérer d’imposants poiriers. Combinant arbres fruitiers, cultures agraires et élevage, il permet de préserver des variétés anciennes telles que les Ruan’er et les Dongguo. Capable de résister aux sécheresses et aux inondations, ce système protège l’agrobiodiversité, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance ruraux.
Il permet de produire plus de 2 millions de kilogrammes de poires par an, sous la forme de fruits frais, de poires séchées ou de spécialités locales.
Situé dans la région aride du plateau de Lœss, ce dispositif est un exemple de culture à sec, adaptée au manque d’eau et aux sols sujets à l’érosion. Il permet de préserver les espèces de plantes et d’insectes autochtones en perpétuant des méthodes traditionnelles de polyculture et en réduisant la dépendance aux intrants chimiques.
Système agricole ancestral metepantle à Tlaxcala (Mexique)
Au cœur des paysages montagneux et semi-arides de l’État de Tlaxcala, les familles d’agriculteurs de la région font vivre depuis plus de trois millénaires le metepantle, mosaïque de terrasses de maïs, d’agave, de haricots, de courges et de plantes sauvages. Plongeant ses racines dans les connaissances des peuples autochtones nahuas, le metepantle sauvegarde les semences, protège la biodiversité des terres arides et ancre les systèmes alimentaires et moyens de subsistance locaux, en contribuant à la résilience et à la continuité culturelle de l’une des régions du Mexique les plus vulnérables face au changement climatique.
Ce système à assise communautaire préserve plus de 140 espèces autochtones, dont 40 variétés locales de maïs et 30 types de plantes comestibles, grâce à la perpétuation des traditions familiales, aux foires aux semences et aux réseaux d’échange. Il procure des fibres, des aliments, des habitats pour les pollinisateurs et contribue à stabiliser les sols.
Systèmes agricoles du jable et des sables volcaniques de l’île de Lanzarote (Espagne)
À Lanzarote, île des Canaries dont les champs volcaniques noirs et arides évoquent un paysage lunaire et où il est rare que le vent s’arrête de souffler, les agriculteurs ont conçu un système agricole remarquable fondé sur une utilisation révolutionnaire des sols locaux. Après six ans d’éruptions volcaniques au XVIIIe siècle, ils ont commencé à utiliser les lapillis et les fragments de lave (enarenado) ainsi que le sable marin (jable) pour retenir l’humidité, réguler la température des sols et protéger les cultures.
Les agriculteurs produisent raisins, patates douces et légumineuses grâce à cette méthode, qui protège la biodiversité, les moyens de subsistance et le patrimoine culturel de l’une des régions les plus sèches d’Europe, avec un recours minimal à l’irrigation.
Le système dit «enarenado» couvre plus de 12 000 hectares. Il conjugue le paillage à base de cendres pyroclastiques issues d’anciennes éruptions et de matières provenant des zones volcaniques avec le jable, technique de paillage utilisant le sable marin transporté par le vent et l’érosion au fil des siècles.
Vous pouvez trouver des photographies des nouveaux systèmes SIPAM ici :
BRÉSIL - Culture de la yerba maté sous ombrière au Paraná
CHINE - Système mixte de culture de moules perlières à Deqing, dans la province du Zhejiang
CHINE - Système de culture de thé blanc à Fuding, dans la province du Fujian
CHINE- Système ancestral des vergers de poiriers de Shichuan
MEXIQUE - Système agricole ancestral metepantle à Tlaxcala
ESPAGNE - Systèmes agricoles du jable et des sables volcaniques de l’île de Lanzarote
SIPAM Package avec vidéo
Culture de la yerba maté sous ombrière au Paraná, Bresil
Système mixte de culture de moules perlières à Deqing, dans la province du Zhejiang, Chine
Système de culture de thé blanc à Fuding, dans la province du Fujian, Chine
Système ancestral des vergers de poiriers de Shichuan, Chine
Système agricole ancestral metepantle à Tlaxcala, Méxique
Systèmes agricoles du jable et des sables volcaniques de l’île de Lanzarote, Espagne
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