Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, prend la parole lors de la présentation officielle du rapport intitulé L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2025
Le Directeur général a affirmé que le monde devait agir avec plus d’empressement et dans un plus grand souci d’inclusion afin que les progrès dans la lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde soient plus homogènes.
©FAO/Eduardo Soteras
Addis-Abeba – Le monde doit agir avec plus d’empressement et dans un plus grand souci d’inclusion afin que les progrès dans la lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde soient plus homogènes, comme l’a affirmé le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, à l’occasion de la présentation officielle du rapport intitulé L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2025.
Cette année, la présentation officielle du rapport s’est tenue dans la capitale de l’Éthiopie, Addis-Abeba – une première sur le continent africain. Il s’agit d’un choix approprié et symbolique, car l’Afrique reste en première ligne de la crise alimentaire mondiale.
L’édition 2025 du rapport révèle un recul modeste de la faim dans le monde, puisque la part de personnes souffrant de la faim a diminué, passant de 8,5 pour cent en 2023 à 8,2 pour cent en 2024. Toutefois, le pourcentage mondial masque de fortes disparités régionales. Si l’Asie et l’Amérique latine ont connu des progrès encourageants, la faim continue d’empirer en Afrique, où 307 millions de personnes – soit 20 pour cent de la population – sont en situation d’insécurité alimentaire. D’après les projections, presque 60 pour cent des personnes qui risquent d’être touchées par la faim chronique d’ici à 2030 se trouveront en Afrique.
En outre, bien que la faim ait reculé à l’échelle mondiale depuis le pic enregistré en 2022, les effets des crises cumulées qui se sont manifestées ces dernières années se font encore sentir.
«Le relèvement doit être inclusif – nous ne pouvons accepter un avenir dans lequel des régions entières seraient laissées de côté», a dit M. Qu lors de la manifestation.
Ont participé à la manifestation des responsables de haut niveau, dont la Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Mme Amina J. Mohammed, le Président de l’Éthiopie, M. Taye Atske-Sélassié, et le Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Italie, M. Edmondo Cirielli.
«Savoir, c’est pouvoir. Le rapport présenté aujourd’hui nous donne matière à réfléchir, mais aussi les moyens d’agir», a relevé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU. «Les crises concomitantes, comme les conflits, les chocs climatiques, l’inflation et les déplacements, mettent au jour la profonde fragilité de nos systèmes alimentaires et il en ressort un message clair: la coopération doit remplacer le conflit», a-t-elle précisé.
Le Président de l’Éthiopie a qualifié ce rapport «édifiant» d’«appel à l’action convaincant». Il a ajouté que le rapport aidait également à «orienter les politiques de façon à obtenir rapidement des résultats positifs et à trouver des solutions à long terme.»
M. Cirielli a rappelé que la sécurité alimentaire faisait partie des priorités stratégiques de l’Italie. Pour le pays, la sécurité alimentaire n’est pas qu’une «question d’alimentation: il en va de l’avenir de nos sociétés, du bien-être de nos systèmes économiques et de la santé mondiale», a affirmé le Ministre.
Des progrès mitigés dans la lutte contre la faim et la malnutrition
Établie conjointement par la FAO, le Fonds international de développement agricole (FIDA), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’édition 2025 du rapport brosse un tableau sombre de la situation.
Aujourd’hui, 90 millions de personnes de plus qu’en 2020 souffrent de la faim – et 100 millions de plus qu’en 2015, année où les objectifs de développement durable ont été proclamés. De plus, quelque 2,3 milliards de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2024.
Outre la faim, la malnutrition affiche un bilan mitigé. La prévalence des retards de croissance a quelque peu reculé au cours des 10 dernières années, mais celle de l’émaciation a stagné. Pire encore, l’anémie chez les femmes âgées de 15 à 49 ans est passée de 27,6 pour cent à 30,7 pour cent et la tendance est à la stagnation ou à la détérioration dans la plupart des régions.
Pendant que des millions de personnes souffrent de la faim, de nombreuses autres consomment à outrance. La prévalence de l’obésité chez l’adulte a augmenté: de 12,1 pour cent en 2012, elle est passée à 15,8 pour cent en 2022 – un douloureux rappel du double fardeau de la malnutrition.
Il est essentiel d’améliorer la qualité de l’alimentation. À cet égard, l’édition 2025 du rapport inclut pour la première fois de nouveaux indicateurs de la diversité alimentaire chez les enfants et les femmes, une mesure essentielle pour assurer un meilleur suivi de la cible 2.2 des objectifs de développement durable.
Les constatations sont alarmantes: seuls un tiers des enfants âgés de 6 à 23 mois et deux tiers des femmes âgées de 15 à 49 ans atteignent le seuil de diversité alimentaire minimale.
«Nous devons en faire beaucoup plus pour que chacun, en particulier les femmes et les enfants, ait accès à une alimentation nutritive et variée», a dit M. Qu.
Une alimentation saine devrait également être abordable, compte tenu du fait que 2,6 milliards de personnes n’avaient toujours pas les moyens de manger sainement en 2024. Dans ce contexte, l’édition 2025 du rapport est en partie axée sur l’inflation du prix des aliments et contient une analyse des causes et conséquences de ce phénomène et des mesures stratégiques permettant d’y remédier.
Depuis 2020, l’inflation du prix des aliments est systématiquement supérieure à l’inflation globale, ce qui révèle les points de vulnérabilité propres aux systèmes agroalimentaires et souligne qu’il faut d’urgence accorder la priorité aux politiques alimentaires dans le cadre de la planification macroéconomique.
«Face aux perturbations qui touchent le monde, les politiques protectionnistes ou de repli sur soi sont contre-productives. Nous avons besoin d’une action mondiale coordonnée – fondée sur la responsabilité partagée, la solidarité et des données solides», a déclaré le Directeur général de la FAO.
«La voie à suivre exige que nous agissions, de toute urgence et dans un souci d’inclusion», a continué M. Qu.
«Nous devons apporter à toutes les communautés – populations rurales et populations urbaines, femmes et hommes, enfants et personnes âgées – des solutions rapides, justes et efficaces. Agissons dès aujourd’hui – en faisant preuve non seulement d’ambition, mais surtout de détermination – afin d’éliminer la faim en ne laissant personne de côté», a-t-il dit.
Entretien avec l’Économiste en chef de la FAO (en anglais)
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Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]