Renforcer la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques est absolument indispensable si l’on veut assurer à tous un avenir plus durable, plus résilient, et qui offre une plus grande sécurité alimentaire, indique M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO.
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Rome – La diversité génétique est essentielle à la mise en place de systèmes agroalimentaires plus résilients, capables de résister notamment à l’épreuve du changement climatique. Dans la mesure où 80 pour cent des aliments que nous consommons sont d’origine végétale, la préservation d’un vaste éventail de matériel génétique permet aux agriculteurs de cultiver des variétés adaptées aux environnements locaux, ce qui renforce la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance.
Alors que le monde souffre de la faim, de la malnutrition et de la pauvreté à grande échelle, toutes trois aggravées par l’appauvrissement de la biodiversité, le changement climatique, la dégradation des terres et les conflits, il est urgent de mettre un terme à la perte des ressources génétiques qui soutiennent les systèmes agroalimentaires.
Deux rapports publiés cette semaine sous l’égide de la Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture, qui est rattachée à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), soulignent la nécessité d’agir sans tarder.
Le Troisième Rapport sur l’état des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde, publié lundi (en anglais), et le Deuxième Rapport sur l’état des ressources génétiques forestières dans le monde, paru mercredi (en anglais), révèlent des tendances inquiétantes en ce qui concerne la diversité des plantes et des forêts au niveau mondial.
Par exemple, plus de 40 pour cent de tous les taxons étudiés dans le cadre de ces rapports ont disparu d’au moins une des aires géographiques où ils étaient précédemment cultivés ou naturellement présents, tandis qu’environ un tiers des espèces d’arbres sont menacées.
Ces rapports ont été publiés lors de la 20e session ordinaire de la Commission, durant laquelle les gouvernements et des acteurs non étatiques ont passé en revue la situation mondiale et prôné des politiques et des pratiques qui protègent et favorisent la diversité génétique au sein des systèmes agroalimentaires.
L’état des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde
Le terme «ressources phytogénétiques» désigne tout matériel génétique d’origine végétale, y compris le matériel d’espèces cultivées ou sauvages, présentant une valeur avérée ou potentielle pour l’alimentation et l’agriculture. Ces ressources peuvent être utilisées pour l’alimentation humaine, l’alimentation animale, et des produits non alimentaires tels que les médicaments, les combustibles, les fibres végétales, l’habillement et l’ornement.
Soutenir la diversité génétique dans l’agriculture va au-delà de la protection des espèces et variétés. Il s’agit également de préserver les pratiques et cultures traditionnelles du monde entier, y compris celles des peuples autochtones, des petits producteurs agricoles et des communautés locales. Ces populations sont les garantes d’une bonne partie des ressources génétiques et de la biodiversité mondiales.
Le Troisième Rapport de la FAO sur l’état des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde présente une évaluation mondiale de la situation relative à la conservation et à l’utilisation durable des ressources phytogénétiques.
Ce rapport, qui s’appuie principalement sur les informations fournies par 128 pays et plusieurs centres de recherche internationaux, met en évidence l’appauvrissement de la diversité végétale et d’inquiétantes lacunes en matière de données.
Il relaye aussi de bonnes nouvelles. Par exemple, la hausse de 8 pour cent, depuis 2009, de la préservation des semences et d’autres types de matériel végétal au sein de collections de matériel génétique, qui aide à faire en sorte que les ressources génétiques nécessaires aux futurs programmes de sélection restent disponibles. De même, la valeur du marché mondial des semences est passée de 36 milliards d’USD en 2007 à plus de 50 milliards d’USD en 2020, et 40 pays (dont plus des deux tiers sont des pays en développement) font état d’améliorations dans leurs systèmes semenciers, ce qui facilite l’adoption par les agriculteurs de variétés de cultures adaptées.
Si les capacités humaines et institutionnelles se sont accrues au niveau mondial, ce qui se concrétise par exemple par une application plus large des biotechnologies permettant d’améliorer l’efficacité en matière d’utilisation et de conservation des ressources phytogénétiques, les progrès ne sont pas homogènes. Renforcer ces capacités est essentiel à la pleine mise en œuvre du Deuxième Plan d’action mondial pour les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, ainsi que pour tenir d’autres engagements pris au niveau mondial, tels que les objectifs de développement durable et le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.
«Renforcer la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques est absolument indispensable si l’on veut assurer à tous un avenir plus durable, plus résilient, et qui offre une plus grande sécurité alimentaire», indique M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, dans son avant-propos.
L’état des ressources génétiques forestières dans le monde
Le Deuxième Rapport sur l’état des ressources génétiques forestières dans le monde évalue la conservation, l’utilisation durable et le développement des ressources génétiques des arbres et autres plantes ligneuses. Il montre que, si la disponibilité des informations sur les ressources génétiques forestières s’est accrue, elle reste insuffisante, ce qui nuit aux efforts visant à améliorer la gestion de ces ressources.
Les études taxonomiques et les évaluations des menaces réalisées au cours de la dernière décennie ont permis d’augmenter la quantité d’informations disponibles sur les espèces d’arbres et d’autres plantes ligneuses, mais la majeure partie de ces espèces ne sont pas encore suffisamment étudiées.
On compte approximativement 58 000 essences d’arbres, environ 1 600 espèces de bambous et près de 500 espèces de rotins (palmiers grimpants) dans le monde. Les essences d’arbres menacées, soit près de 30 pour cent de toutes les essences, sont réparties partout dans le monde, mais la plupart se trouvent dans les zones tropicales et subtropicales
D’après le rapport, près de deux tiers des pays dressent un inventaire national des ressources génétiques forestières, en collectant des informations auprès de diverses parties prenantes. À l’échelle mondiale, les pays ont fait état de plus de 2 800 espèces d’arbres et autres plantes ligneuses, dont environ 1 800 ont été caractérisées génétiquement. Environ 1 400 et 1 100 espèces, respectivement, sont intégrées à des programmes de conservation in situ et ex situ.
De manière générale, la déforestation, la dégradation des forêts, le changement climatique, les incendies, les organismes nuisibles, les maladies et les espèces envahissantes menacent de nombreuses essences et autres espèces végétales ligneuses et érodent leur diversité génétique. Le rapport montre que les essences d’arbres communes et largement répandues ont conservé une bonne partie de leur diversité génétique, tandis que les essences rares et menacées en ont beaucoup perdu.
Plus de deux tiers des pays disposent de programmes nationaux sur les semences d’arbres, mais bon nombre d’entre eux sont confrontés à des pénuries de semences et d’autres types de matériel de reproduction, ce qui pose problème pour créer de nouvelles forêts et atteindre la cible qui consiste à accroître de trois pour cent la superficie forestière mondiale d’ici à 2030.
Bien que les pays aient relayé de nombreux exemples de la manière dont les ressources génétiques forestières contribuent au développement durable, la communauté internationale est peu sensibilisée à l’importance de ces ressources. Ces problématiques et diverses autres lacunes nécessitent d’intensifier les efforts de mise en œuvre du Plan d’action mondial pour la conservation, l’utilisation durable et la mise en valeur des ressources génétiques forestières.
«Investir dans les ressources génétiques forestières et en assurer une gestion durable permettra l’adaptation des forêts mondiales au changement climatique, l’augmentation de la productivité et la mise au point de nouveaux produits, tout en contribuant à préserver le bien-être humain et la santé des forêts», explique le Directeur général de la FAO dans l’avant-propos du rapport.
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Nicholas Rigillo FAO Actualités et Médias (Rome) [email protected]