Soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies: Les dirigeants mondiaux s’engagent à prendre des mesures décisives en matière de lutte contre la résistance aux antimicrobiens

La FAO, l’OMS, l’OMSA et le PNUE saluent l’accord conclu lors de la réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies, notamment l’objectif consistant à réduire de 10 pour cent le taux des décès imputables à la résistance aux antimicrobiens d’ici à 2030.

La RAM est un problème complexe et la déclaration reconnaît la nécessité d’une réponse multisectorielle combinant des interventions spécifiques aux secteurs humain, agricole, animal et environnemental.

©FAO

26/09/2024

New York – Lors de la Réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens (RAM) qui s’est tenue lors de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, les dirigeants mondiaux ont approuvé une déclaration politique aux termes de laquelle ils s’engagent en faveur d’un ensemble précis d’objectifs et de mesures à prendre, notamment la réduction de 10 pour cent du taux des décès annuels, dont le nombre est estimé à 4,95 millions, qui sont imputables à la résistance aux antimicrobiens d’ici à 2030.  

Dans leur déclaration, les dirigeants préconisent également un financement national durable et un financement à effet catalyseur de 100 millions d’USD pour atteindre l’objectif visé, à savoir que 60 pour cent des pays qui ont un plan d’action national en matière de RAM doivent être dotés de financements d’ici à 2030. Cet objectif devra être atteint, par exemple, en diversifiant les sources de financement et en mobilisant davantage de contributeurs au Fonds fiduciaire multipartenaires pour la lutte contre la résistance aux antimicrobiens.  

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui forment l’Alliance quadripartite sur l’approche «Une seule santé», saluent cette déclaration. L’Alliance quadripartite félicite les pays d’avoir pris conscience de la nécessité de déployer des efforts à l’échelle mondiale, régionale et nationale dans la lutte contre la RAM au moyen de l’approche «Une seule santé», qui sanctionne les liens étroits et l’interdépendance qui unissent la santé des humains, des animaux, des végétaux et de l’environnement au sens large, y compris des écosystèmes.   

Parmi les figures mondiales de cette cause ayant participé à la réunion, se trouvaient la Première Ministre de la Barbade, Mme Mia Mottley, des personnes ayant survécu à la RAM et des organisations représentant la société civile et des parties prenantes du monde entier.  

La RAM se manifeste lorsque les médicaments restent sans effet sur les bactéries, les virus, les champignons et les parasites, ce qui rend difficile, voire impossible, le traitement des infections et augmente les risques de propagation et d’aggravation des maladies jusqu’au décès. 

Une action multisectorielle mondiale est nécessaire pour atteindre les cibles d’ici à 2030 

En ce qui concerne la santé humaine, la déclaration fixe une cible plus ambitieuse: au moins 70 pour cent des antibiotiques utilisés pour la santé humaine dans le monde doivent entrer dans la catégorie des antibiotiques dont l’accessibilité est essentielle (antibiotiques du groupe Access de l’OMS), à savoir les antibiotiques qui ont des effets secondaires relativement minimes et qui sont faiblement susceptibles de contribuer à la RAM. 

Elle comprend également des cibles de lutte anti-infectieuse, notamment les suivantes: que 100 pour cent des pays disposent de services de base en matière d’eau, d’assainissement, d’hygiène et de gestion des déchets dans tous les établissements de santé et que, d’ici à 2030, 90 pour cent d’entre eux satisfassent à toutes les exigences minimales de l’OMS en matière de programmes de lutte anti-infectieuse. Par ailleurs, des engagements ont été pris concernant les investissements destinés à faciliter l’accès équitable aux antimicrobiens et leur bon usage; d’autres engagements portent sur la communication intersectorielle des données de surveillance relatives à l’utilisation des antimicrobiens et à la RAM.  

En ce qui concerne l’agriculture et la santé animale, la déclaration comporte l’engagement à réduire de manière sensible, d’ici à 2030, la quantité d’antimicrobiens utilisés dans les systèmes agroalimentaires au niveau mondial, en rendant prioritaires la mise en œuvre et le financement de mesures de lutte anti-infectieuse; l’autre engagement notable consiste à garantir un usage prudent et responsable des antimicrobiens dans le domaine de la santé animale en se fondant sur des éléments probants. Cet objectif doit être atteint en usant de la liste des maladies prioritaires de l’OMSA, de l’initiative «Réduire la nécessité de recourir aux antimicrobiens dans les exploitations agricoles pour une transformation durable des systèmes agroalimentaires» – RENOFARM, dont la FAO est à l’origine, et des stratégies de prévention, notamment les stratégies de vaccination animale, les bonnes pratiques d’élevage, la biosécurité ainsi que les services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH).  

Concernant l’environnement, la déclaration souligne la nécessité de prévenir les rejets d’antimicrobiens dans l’environnement et d’y remédier. Elle appelle également à intensifier les travaux de recherche et à étendre les connaissances sur les dimensions environnementales de la RAM, mais aussi à catalyser les actions consistant à s’attaquer aux principales sources de pollution antimicrobienne. 

Prenant acte de la complexité du problème de la RAM, les signataires de la déclaration reconnaissent la nécessité d’une riposte multisectorielle qui combine des interventions dans des sphères différentes: populations humaines, agriculture, monde animal et environnement. 

«Le défi intersectoriel de la RAM réclame une approche systémique Une seule santé, qui envisage l’humain, l’animal, le végétal et l’environnement dans leur unité, en s’appuyant sur une gouvernance mondiale forte et responsable en matière de résistance aux antimicrobiens. Il est essentiel de pourvoir à des financements durables, cohérents et diversifiés, au service de priorités définies avec précision et d’objectifs mesurables, en vue de mesures décisives, tout en faisant droit aux réalités locales, nationales et régionales. Nous devons garantir l’accès universel aux médicaments, aux traitements et aux produits de diagnostic, tout en favorisant des mesures de prévention et en investissant dans la recherche, l’innovation, le renforcement des capacités et des initiatives audacieuses en matière de sensibilisation. Notre santé dépend d’une alimentation saine et nutritive, et la sécurité alimentaire repose sur des systèmes agroalimentaires efficaces, inclusifs, résilients et durables. Depuis près de 80 ans, la FAO est fidèle à sa mission au service d’une alimentation sûre et saine pour toutes et tous. Nous adhérons pleinement à cette déclaration et demeurons engagés à agir collectivement pour l’élimination des risques de RAM dans l’agriculture et les systèmes agroalimentaires», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu. 

«Le rôle important que joue l’environnement dans le développement, la propagation et la transmission de la RAM – entre humains et des animaux aux humains – est de plus en plus évident. Il s’ensuit que pour réduire le fardeau de la RAM et ses risques, l’environnement doit faire partie de la solution. La déclaration adoptée aujourd’hui prend acte de cette nécessité, et le PNUE continuera d’être à l’avant-garde des efforts visant à réduire le fardeau de la RAM sur les sociétés et à s’attaquer à la triple crise planétaire», a déclaré Mme Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE. 

«Au cours de la centaine d’années qui se sont écoulées depuis qu’Alexander Fleming a découvert par hasard la pénicilline dans un laboratoire de Londres, les antibiotiques sont devenus un pilier de la médecine, transformant des infections autrefois mortelles en maladies que l’on peut traiter et dont on peut guérir», a déclaré M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. «La résistance aux antimicrobiens menace de réduire à néant ces avancées, ce qui sans aucun doute fait d’elle l’un des défis sanitaires les plus pressants de notre époque. La déclaration adoptée aujourd’hui comporte des engagements d’importance vitale qui, s’ils se traduisent par des actions concrètes, permettront de suivre l’évolution de la RAM, d’en freiner la progression, d’élargir l’accès aux médicaments antimicrobiens comme les antibiotiques et de stimuler le développement de nouveaux médicaments.» 

«Les antimicrobiens permettent de prolonger la durée de vie des animaux et des humains et de jouir d’une meilleure santé, mais bon nombre de ces médicaments qui sauvent des vies perdent dangereusement de leur efficacité, ce qui comporte de lourdes conséquences, non seulement pour la santé humaine, mais aussi pour l’élevage et l’économie en général», a déclaré la Directrice générale de l’OMSA, Mme Emmanuelle Soubeyran. «Il est urgent d’agir et nous nous félicitons des nombreux engagements pris par les pays aux termes de cette déclaration politique. L’établissement de priorités parmi les mesures de prévention contre les maladies infectieuses chez les animaux est d’une importance capitale. C’est pourquoi l’OMSA continuera d’aider les pays en élaborant des normes et des lignes directrices, en évaluant les politiques-cadres relatives à la prescription d’antimicrobiens et en accompagnant la mise en œuvre de programmes de biosécurité et de vaccination contre les maladies prioritaires qui peuvent permettre de réduire le besoin d’antimicrobiens, entre autres mesures.» 

Une marche à suivre claire 

La déclaration officialise le secrétariat conjoint permanent de l’Alliance quadripartite chargé de la RAM en tant que mécanisme central de coordination de l’action mondiale dans ce domaine. En outre, elle demande aux organisations de l’Alliance quadripartite d’actualiser, d’ici à 2026 et en collaboration avec les pays, le Plan d’action mondial sur la résistance aux antimicrobiens, afin d’assurer une action multisectorielle solide et inclusive à travers l’approche «Une seule santé». La déclaration confie également à l’Alliance quadripartite la mission de suivre et de rendre compte de la mise en œuvre du Plan d’action mondial et des résultats obtenus.  

Par ailleurs, elle prend acte des contributions déterminantes des mécanismes mondiaux de gouvernance sur la RAM, à savoir le Groupe de direction mondial et la Plateforme de partenariat multipartite, s’engageant à renforcer cette dernière afin de, entre autres, faciliter l’échange multisectoriel de l’expérience acquise et des bonnes pratiques et l’évaluation des progrès accomplis par les États membres dans la mise en œuvre de plans d’action nationaux multisectoriels sur la RAM. L’Alliance quadripartite est heureuse d’accepter la demande qui lui est faite dans la déclaration de constituer, en 2025 et à l’issue d’une consultation mondiale avec les pays, un groupe indépendant chargé d’analyser les actions contre la résistance aux antimicrobiens. Ce groupe accompagnera les pays dans leurs efforts de lutte contre la RAM. 

La déclaration met l’accent sur des aspects clés, notamment l’importance de l’accès aux médicaments, aux traitements et aux produits de diagnostic, tout en appelant à la mise en place de mesures d’incitation et de mécanismes de financement destinés à stimuler la recherche multisectorielle en matière de santé, l’innovation et le développement dans la lutte contre la RAM. Il est essentiel d’assurer le renforcement et la transparence des partenariats noués entre les secteurs public et privé et avec le monde universitaire.  

Les signataires de la déclaration encouragent aussi les pays à communiquer, d’ici à 2030, des données de qualité issues de la surveillance de la résistance aux antimicrobiens et de l’utilisation des antimicrobiens, en recourant aux systèmes mondiaux existants, dont le Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens et de leur usage (GLASS), la Base de données mondiale sur l’utilisation des antimicrobiens chez les animaux (ANIMUSE) de l’OMSA et le Système international pour le suivi de la résistance aux antimicrobiens (InFARM) de la FAO. Enfin, la déclaration lance un appel pour que 95 pour cent des pays rendent compte annuellement de la mise en œuvre de leur plan d’action national contre la RAM, en utilisant l’enquête d’autoévaluation par pays relative au suivi de la résistance aux antimicrobiens (TrACSS) 

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