La FAO mobilise la communauté mondiale autour du thème de l’édition 2024: «le droit aux aliments au service d’une vie et d’un avenir meilleurs», sans laisser personne de côté
Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, a expliqué que le thème de la Journée mondiale de l’alimentation de cette année venait opportunément nous rappeler le droit de chaque personne à une alimentation adéquate.
©FAO/Pier Paolo Cito
Rome – La cérémonie mondiale de la Journée mondiale de l’alimentation 2024 s’est déroulée aujourd’hui à Rome. Les participants ont souligné la nécessité d’assurer un accès universel à des quantités suffisantes d’aliments diversifiés, nutritifs, sûrs et abordables. Cette manifestation intervient dans le contexte d’un regain des tensions, conflits et crises climatiques à l’échelle planétaire, autant de facteurs qui aggravent les difficultés rencontrées par les centaines de millions de personnes qui souffrent à la faim et par les milliards de personnes qui n’ont pas les moyens de s’alimenter sainement.
Soulignant, dans son allocution d’ouverture, que l’alimentation est un droit humain fondamental, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, a précisé que le thème de la Journée mondiale de l’alimentation de cette année («Le droit aux aliments au service d’une vie et d’un avenir meilleurs») venait opportunément nous rappeler le droit de chaque personne à une alimentation adéquate. Il a lancé un appel à renouveler l’«engagement à créer des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, capables de nourrir le monde entier».
M. Qu a déclaré que ces systèmes devaient «aider les petits exploitants, les agriculteurs familiaux et les petits entrepreneurs dans toute la chaîne de valeur, qui, dans beaucoup de pays, jouent un rôle clé dans la fourniture d’aliments nutritifs et diversifiés à tous, ainsi que dans la préservation des cultures alimentaires traditionnelles». À l’heure où quelque 730 millions de personnes souffrent de la faim et plus de 2,8 milliards de personnes n’ont pas les moyens de s’alimenter sainement, le Directeur général a lancé un avertissement: «Il n’y a pas de temps à perdre, nous devons agir immédiatement.»
Défis mondiaux
Le Roi Letsie III du Lesotho, Ambassadeur spécial de bonne volonté de la FAO pour la nutrition, a cité en exemple de changement positif le Parlement panafricain de l’Union africaine, qui «a collaboré avec la FAO à l’élaboration d’une loi type sur la sécurité alimentaire et la nutrition. Cette loi modèle sert de cadre d’orientation; elle incite les États membres de l’Union africaine à élaborer leur propre législation défendant le droit à une alimentation adéquate ainsi que la sécurité alimentaire de tous les citoyens. Pour faciliter le passage de cette loi type à des actions législatives concrètes, des alliances parlementaires ont été formées sur tout le continent». Le Roi Letsie III a précisé: «Ce travail de collaboration est indispensable si l’on veut s’assurer que les mesures législatives sont non seulement élaborées, mais aussi effectivement mises en œuvre afin de répondre aux problèmes urgents de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.»
Dans un message lu en son nom, le Pape François a déclaré: «La dimension sociale et culturelle intrinsèque de l’acte de s’alimenter ne doit pas être oubliée. À cet égard, les responsables politiques et économiques au niveau international doivent écouter les demandes des personnes qui se trouvent au bas de la chaîne alimentaire, tels que les petits agriculteurs, et des groupes sociaux intermédiaires, comme la famille, qui contribuent directement à l’alimentation des personnes.»
Dans un message vidéo, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), M. Antonio Guterres, a déclaré: «Il est tout à fait indéfendable que la faim et la malnutrition soient un état de fait pour des milliards d’enfants, de femmes et d’hommes.» Il a ajouté qu’un monde débarrassé de la faim était possible, mais que «les systèmes alimentaires doivent opérer une profonde transformation» pour devenir plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.
M. Francesco Lollobrigida, Ministre italien de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et des forêts, a souligné l’importance du droit à une alimentation de qualité pour tous. Il a insisté sur la nécessité de transformer les systèmes agroalimentaires en s’appuyant sur l’innovation et la durabilité, et d’investir davantage dans la recherche et le développement afin d’accroître l’efficacité de la production, de réduire les effets néfastes des produits chimiques et des pesticides et de protéger les précieuses ressources en eau.
Mme Cindy McCain, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM),
a déclaré: «Nous travaillons avec les populations locales à la mise en place de programmes d’action anticipée et d’alerte rapide, afin de les protéger des ravages du changement climatique. Nous continuons à collaborer avec des gouvernements et d’autres partenaires dans le cadre d’un mouvement mondial visant à fournir à chaque enfant, partout dans le monde, une éducation et des repas sains à l’école.»
Le PAM s’associe au secteur privé pour tirer parti du potentiel de la science, de l’innovation et de la technologie et dispose de «solutions avérées et adaptables pour lutter contre la faim, qui favorisent la résilience à long terme et réduisent les besoins au fil du temps. Mais pour construire un monde débarrassé de la faim, nous devons pouvoir compter sur la participation de tous», a-t-elle ajouté.
Mme Gérardine Mukeshimana, Vice-Présidente du Fonds international de développement agricole (FIDA), a réclamé «des investissements urgents, collectifs et concrets en faveur des agriculteurs ruraux pauvres afin de garantir, au strict minimum, leur droit fondamental à une alimentation nutritive». Elle a rappelé que les petits agriculteurs produisent presque la moitié de la nourriture mondiale, même s’ils luttent contre la faim et la pauvreté.
Mme Ophelia Nick, Secrétaire d’État parlementaire au Ministère fédéral allemand de l’alimentation et de l’agriculture, a déclaré: «Tous les conflits, guerres et crises multiples sont le fait de l’humanité et nuisent à l’état de la sécurité alimentaire dans le monde. Il est de notre responsabilité de promouvoir la coopération multilatérale afin de surmonter ces périodes de crise.»
M. Jeffrey Prescott, Ambassadeur des États-Unis d’Amérique auprès des organismes des Nations Unies ayant leur siège à Rome, a rappelé que la faim et les causes associées font plus de victimes dans le monde que les conflits armés. Il a déclaré que la faim dans un monde d’abondance pour l’humanité était un affront à la dignité humaine, soulignant l’importance de mettre un terme à cette injustice.
L’Ambassadeur a cité, entre autres initiatives, la coopération avec la FAO et d’autres partenaires dans le cadre de la Vision pour des cultures et des sols adaptés, dans le but de faciliter la transformation des systèmes agroalimentaires.
Au cours de la cérémonie, le Directeur général a également remis le prestigieux Prix FAO des réalisations exemplaires à l’Institut de protection des plantes de l’Académie chinoise des sciences agricoles. Il a expliqué que les travaux de pointe de l’Institut dans la lutte contre la chenille légionnaire d’automne avaient eu une grande portée en Chine, en Asie et dans le reste du monde, et permis des progrès considérables dans la protection des cultures et la sécurisation des disponibilités alimentaires.
La FAO va fêter son 80e anniversaire
Lors de la cérémonie, un protocole d’accord a été signé avec le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM). Cet accord couvre les travaux relatifs au projet de Musée et réseau de l’alimentation et de l’agriculture de la FAO, dans le cadre d’une collaboration entre l’Organisation et son pays hôte, l’Italie.
Ce musée sera inauguré le 16 octobre 2025, à l’occasion du 80e anniversaire de la FAO. Ce sera un lieu d’exposition permanente et un espace éducatif ouvert au public, qui mettra à l’honneur le mandat de la FAO dans un cadre interactif et numérique. Le musée et le réseau seront aussi l’occasion pour les membres de la FAO de promouvoir leurs cultures et leurs produits alimentaires locaux, ce qui contribuera à renforcer l’engagement de l’Organisation en faveur de la diversité et de l’inclusivité. L’ICCROM sera le premier membre officiel du réseau. Ce projet est soutenu par le Ministère italien des affaires étrangères et de la coopération internationale. M. Stefano Gatti, Directeur général de la coopération internationale au Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale, représentait l’Italie à la cérémonie, au cours de laquelle il était chargé de lancer le compte à rebours «80-1», soit 365 jours d’action jusqu’au 80e anniversaire de la FAO.
Lors de cette manifestation spéciale, l’exposition du compte à rebours «80-1» a été inaugurée en présence de représentants des anciens et actuels pays hôtes de la FAO, ainsi que d’un représentant des membres de la FAO qui ont à l’origine proposé d’instaurer une Journée mondiale de l’alimentation annuelle, à savoir le Canada, l’Italie, la Hongrie et les États-Unis d’Amérique.
Les célébrations d’aujourd’hui seront suivies le 17 octobre par l’Assemblée scolaire de la Journée mondiale de l’alimentation pour les jeunes, une manifestation pédagogique visant à encourager l’action de la jeunesse. Des invités de marque seront présents, notamment des héros de l’alimentation tels que l’équipe de basket‑ball des Harlem Globetrotters, le chef Max Mariola, le militant d’une mode durable Matteo Ward, ainsi que l’entrepreneure engagée sur les questions climatiques et sociales, Andile Mnguni, et la jeune militante des droits humains et de l’égalité des genres, Shreyaa Venkat. Accompagnés d’experts internationaux de l’alimentation, ces invités présenteront des récits inspirants et proposeront aux jeunes des quiz, des jeux, de la musique en direct et des spectacles de danse.
Les rencontres de cette Semaine mondiale de l’alimentation à Rome viennent s’ajouter aux centaines de manifestations dans le monde entier qui appellent à l’action dans plus de 50 langues.
Ces rencontres s’inscrivent également dans le cadre de la quatrième édition, cette semaine, de l’événement phare du Forum mondial de l’alimentation (FMA), organisé autour des trois piliers que sont le Forum mondial de la jeunesse, le Forum de la science et de l’innovation de la FAO, et le Forum de l’investissement de l’initiative Main dans la main. Cette année, le FMA accueillera également le Forum mondial de l’agriculture familiale, le Dialogue de haut niveau de Rome sur l’eau consacré au Cadre mondial contre la pénurie d’eau dans l’agriculture et la Plateforme mondiale sur les systèmes alimentaires des peuples autochtones. Dans ce cadre, il est prévu que la cheffe Fatmata Binta présente, dans une tente consacrée aux peuples autochtones, son vécu en Sierra Leone, pays en proie à la guerre, et son désir de rapprocher les gens par la cuisine. Le chef équatorien Rodrigo Pacheco devrait intervenir sur la création de la plus grande forêt comestible du monde et le besoin de repenser la cuisine afin d’améliorer les conditions de vie de tous.
Les zones de conflits et la crise climatique
La FAO mène de nombreuses actions en faveur de la sécurité alimentaire et de la nutrition en intervenant à la fois dans les conflits et les points névralgiques de la faim et auprès des populations touchées par les crises climatiques, ainsi que dans des situations non urgentes. Dans les zones où l’accès aux aliments est perturbé, provoquant malnutrition et faim, elle concentre ses efforts sur la reconstruction des infrastructures agricoles afin d’assurer la disponibilité et l’accessibilité des aliments en vue d’une sécurité alimentaire à long terme.
En plus de ces interventions d’urgence, certains programmes clés de la FAO comme l’initiative Main dans la main, «Un pays, un produit prioritaire», l’économie bleue et les programmes de coopération technique ont également pour objectif la sécurité alimentaire et la nutrition à moyen et à long-terme dans toute une série de pays.
Les difficultés s’expliquent par un ensemble de causes, notamment les changements de régime alimentaire et la concentration des marchés provoqués par la mondialisation, l’inflation et la crise climatique, qui monte en intensité et qui sera un sujet central de la 29e session de la Conférence des parties (COP29) à la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement climatique, prévue en Azerbaïdjan le mois prochain.
Face à ces différents problèmes, les interventions de la FAO prévoient notamment des programmes d’alimentation scolaire pour lutter contre l’aggravation des problèmes sanitaires; la collaboration avec les pêcheurs afin d’étendre la protection sociale aux personnes les plus vulnérables; des transferts monétaires aux ménages les plus pauvres; la mise en place de techniques d’agriculture intelligente face au climat et l’aide aux gouvernements dans l’élaboration de cadres juridiques visant à garantir la sécurité alimentaire et la nutrition.
Cette année marque le 20e anniversaire de l’adoption des Directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale.
La Journée mondiale de l’alimentation est célébrée chaque année, le 16 octobre, à la date anniversaire de la création de la FAO en 1945.
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