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Le tilapia, un aliment apprécié – Répondre à la demande en Côte d’Ivoire


L’aquaculture contribue à réduire la dépendance du pays aux importations et constitue une source de protéines pour la population

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Bien que cette profession soit traditionnellement dominée par les hommes en Côte d’Ivoire, Diakité Salimata est passionnée d’aquaculture et forme sa fille pour qu’elle puisse lui succéder. ©FAO/Celeste Diom

15/05/2025

On peut affirmer avec certitude que les Ivoiriens aiment le poisson, puisqu’ils en mangent environ 500 000 tonnes par an. Il s’agit d’ailleurs de leur première source de protéine animale. D’après le Ministère des ressources animales et halieutiques du pays, ils auraient consommé 23,5 kilos de poisson par habitant en 2023, contre 12 kilos de viande.

Actuellement, le pays n’est pas en mesure de satisfaire la demande. En 2023, la Côte d’Ivoire a produit 92 000 tonnes de poisson, mais en a consommé environ 534 000 tonnes et a dû importer la différence.

Pour combler cet écart et réduire la dépendance aux importations, le gouvernement a fait de l’aquaculture une priorité nationale et veut faire passer la production – qui était de 8 467 tonnes en 2023 – à 500 000 tonnes par an d’ici à 2030.

C’est là qu’intervient Diakité Salimata, piscicultrice de 59 ans.

Bien que cette profession soit traditionnellement dominée par les hommes, l’aquaculture est la passion de Salimata.

«Il paraît que l’aquaculture est une affaire d’hommes, mais plus on me dit qu’un domaine est réservé aux hommes, plus il m’intéresse», explique Salimata, et elle ajoute que sa fille de 31 ans est venue travailler avec elle.

Avec sa famille, elle élève des tilapias dans quatre bassins situés sur des terres héritées de son père dans la région de l’Indénié-Djuablin. Son exploitation compte également des cacaoyers et des palmiers, ainsi que des poules, des moutons et des vaches.

Dans le cadre du projet FISH4ACP, la FAO travaille avec Salimata et d’autres pisciculteurs pour augmenter la production du pays et répondre à la demande interne. ©FAO/Celeste Diom

Selon Salimata, l’aquaculture peut être avantageuse d’un point de vue économique, mais il faut aussi être passionné.

«Cette activité peut vous nourrir ainsi que votre famille, mais vous devez d’abord l’aimer pour apprendre à la gérer», explique-t-elle.

Et il faut apprendre en effet, car l’aquaculture demande des connaissances et des compétences. Il faut par exemple calculer les quantités de nourriture à donner aux poissons ou encore savoir aérer l’eau.

«Il faut connaître les niveaux d’eau nécessaires et savoir quand baisser les tuyaux et contrôler les digues», précise Salimata, qui a perfectionné ses compétences grâce à des ateliers de renforcement des capacités proposés dans le cadre d’une initiative mise en œuvre dans sa région, le programme FISH4ACP.

L’exploitation de Salimata a été choisie dans le cadre d’une procédure de mise en concurrence et figure parmi 10 initiatives pilotes du projet FISH4ACP, mené par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sous la direction de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et au moyen de financements de l’Union européenne et du Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement.

Afin de rendre le secteur de l’aquaculture plus productif et durable, ce projet permet à la FAO de collaborer avec les gouvernements pour améliorer la production nationale grâce au renforcement des capacités et au soutien technique, en faisant de ces exploitations des modèles pour le reste du pays.

Salimata raconte: «J’ai étudié les densités de peuplement et appris comment mesurer la température et le pH de l’eau. J’ai aussi appris qu’il fallait viser un marché précis avant de peupler ses bassins, puisque les poissons doivent être nourris et que les aliments aquacoles sont chers. Il faut donc pouvoir vendre les poissons dès qu’ils atteignent leur taille commerciale pour éviter qu’ils coûtent encore plus cher.»

FISH4ACP a également fait bénéficier Salimata des services de techniciens qui ont nettoyé ses bassins, élevé ses digues et planté de l’herbe pour éviter les fissures et parer à l’éventualité de glissements de terrain pendant la saison humide.

Salimata produit elle-même jusqu’à quatre tonnes de tilapias par an, qu’elle vend à des poissonnières venues s’approvisionner dans son exploitation et que celles-ci vendent à leur tour sur les marchés et dans les villages de la région.

Salimata produit jusqu’à quatre tonnes de tilapias par an, qu’elle vend à des poissonnières, qui les vendent à leur tour sur les marchés et dans les villages de la région. L’augmentation de la production aquacole aide à garantir la sécurité alimentaire de la population ivoirienne, qui ne cesse de croître, et à fournir une source de protéines de qualité. ©FAO/Celeste Diom

L’exploitation de Salimata est une affaire de famille: pendant qu’elle dirige les activités, son mari s’occupe de la comptabilité et sa fille se charge de tâches agricoles de plus en plus nombreuses à mesure que sa mère prend de l’âge.

Pour Salimata, l’élevage de tilapias fait partie de son avenir et de celui de sa famille.

«Il s’agit pour nous d’une activité à long terme», explique-t-elle. «Ma fille en reprendra les rênes, puis ce sera le tour de ses enfants, et ainsi de suite.»

Comme les autres exploitations pilotes, celle de Salimata est soutenue par le programme FISH4ACP, qui vise à en faire un modèle reproductible par d’autres agriculteurs, afin de contribuer à l’objectif du gouvernement consistant à produire suffisamment pour répondre à la demande nationale, garantir la sécurité alimentaire de sa population croissante et éviter des importations coûteuses.

«Le principe de cette initiative est de mettre en avant une nouvelle génération de pisciculteurs, dont Salimata et d’autres font partie: une génération volontaire et ambitieuse, consciente des besoins du pays», déclare Foungnigué Djire, chargée de la direction du projet FISH4ACP de la FAO en Côte d’Ivoire.

«Je me sens fière de mon travail. Il me permet de subvenir aux besoins de ma famille», conclut Salimata.

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