Bureau des urgences et de la résilience de la FAO

Le parcours d’un entrepreneur syrien: de la production locale de légumes macérés à l’exportation régionale

Donner aux jeunes Syriens les moyens de se doter de nouvelles capacités de résilience et d’explorer de nouveaux débouchés dans le secteur agroalimentaire.

Alaa Khattab, entrepreneur syrien qui a fait preuve de ténacité dans son parcours dans le secteur agroalimentaire, pose fièrement devant ses bocaux de légumes aigres-doux. Soutenu par le programme Nabta de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il exporte à présent ses produits dans la région et espère développer son entreprise et créer davantage d’emplois au niveau local.

©FAO/AbdulRahman Al Kour

14/11/2024

Alaa Khattab, 31 ans, parcourt des rangées de bidons bleus et en ouvre le couvercle pour inspecter ses concombres marinés. Des effluves salés se dégagent lorsqu’il en extrait quelques-uns pour les examiner de plus près. Derrière lui, on peut distinguer toute une variété de produits aux couleurs vives à l’intérieur de bocaux récemment élaborés et soigneusement stockés sur des étagères.

Les légumes macérés dans la saumure aigre-douce sont des condiments appréciés dans le monde entier. Ils sont un élément essentiel de la cuisine syrienne et du Moyen-Orient, car ils apportent une note acidulée aux préparations culinaires telles que les roulés au shawarma et aux falafels. Ces produits sont habituellement élaborés en faisant mariner des légumes, tels que des concombres, des navets ou des citrons, dans de l’eau salée, du vinaigre et des épices pendant plusieurs jours à l’intérieur de récipients hermétiques.

«J’ai toujours été convaincu que la macération de légumes occuperait une place centrale dans mon activité professionnelle», déclare Alaa. «Les légumes macérés ont des adeptes partout et je voulais fournir des produits de qualité supérieure.»

Peu après avoir obtenu un diplôme en ingénierie agroalimentaire en 2016, Alaa a créé sa microentreprise dans le gouvernorat de Daraa, en République arabe syrienne, et a commencé son activité avec un seul tonneau et quelques concombres. Il a toutefois dû faire face à des difficultés liées aux répercussions de la prolongation de la crise dans le pays, à l’instabilité de l’économie et à l’accès limité aux marchés. Par ailleurs, il n’avait pas toutes les compétences nécessaires en matière de gestion et n’avait pas assez de moyens financiers, ce qui l’a contraint à suspendre son activité.

Malgré ces revers de fortune, Alaa n’a pas baissé les bras. Reconnaissant les lacunes de son projet et ses atouts, il a cherché à obtenir des conseils, sans savoir où s’adresser, jusqu’à ce qu’il découvre l’existence d’un programme intitulé Nabta.

En 2023, Alaa est devenu bénéficiaire du programme Nabta (mot arabe signifiant «semis») qui a été mis en place par la FAO en République arabe syrienne deux ans plus tôt. Ce programme aide de jeunes entrepreneurs à concrétiser leur projet d’activité dans le secteur agroalimentaire et à stimuler la production agricole. Le programme Nabta est mis en oeuvre dans le cadre d’un programme conjoint des Nations Unies, avec le soutien de l’Union européenne et des gouvernements de l’Italie et de la Norvège.

La sécurité alimentaire et les revenus de plus de la moitié de la population de la République arabe syrienne sont assurés grâce à l’agriculture. Cependant, l’inflation, la hausse des prix des denrées alimentaires, la pénurie d’intrants et le changement climatique contribuent à la baisse des rendements agricoles et de nombreuses personnes ont désormais besoin d’une aide humanitaire. En outre, les perspectives d’emploi et de création d’activité pour les jeunes restent limitées, en particulier dans les zones rurales.

Alaa est l’un des 467 entrepreneurs agricoles du programme Nabta qui montrent les voies que peuvent emprunter les jeunes Syriens, lorsqu’ils peuvent suivre une formation et bénéficier de ressources appropriées, afin de contribuer à l’amélioration de la production agricole et des conditions de vie locales. Grâce à ce programme, il a acquis les compétences nécessaires à l’exploitation d’une microentreprise et a bénéficié d’un soutien financier pour se procurer des fournitures et le matériel de transformation de produits alimentaires. Responsable d’une unité de production de légumes macérés, il emploie actuellement dix travailleurs de sa région et a pour ambition, avec son associé, ingénieur agroalimentaire, de diversifier cette production et d’accéder à de nouveaux marchés. Cette saison, il a produit 27 tonnes de légumes macérés, dont une partie a été exportée vers les Émirats arabes unis.

«J’ai franchi un cap important en à peine douze mois», affirme Alaa. «Aujourd’hui, mon rêve est de développer mon entreprise et d’embaucher de nouvelles personnes au niveau local».